Audiolib 2015 (Grasset 2014) - 7 heures - lu par Edouard Baer
Le livre commence par une introduction assez pathétique dans laquelle Beigbeder nous raconte son désintérêt total pour les gens de son âge. Il nous explique qu'il aime la compagnie des jeunes gens, avec lesquels il parvient à oublier son âge. Cette introduction donne le ton, Beigbeder ne s'effacera pas devant Oona et Salinger. Vers le milieu du roman, il revient sur le sujet en tentant de nous persuader que c'est une bonne chose que l'homme soit bien plus âgé que la femme dans un couple. Il illustre son propos par de multiples exemples. Dans l'épilogue, comme si cela ne suffisait pas, il raconte sa rencontre avec sa femme actuelle (nettement plus jeune que lui, naturellement).
Une autre source d'agacement, les comparaisons ridicules et (ou) anachroniques, comme celle-ci (il parle d'un jeune serveur) : "un jeune antillais aux dents écartées qui ressemblait à Yannick Noah bien avant la naissance de Yannick Noah".
Pourtant, je ne serai pas négative sur toute la ligne. L'écrivain, en mêlant fiction et faits connus, nous raconte l'amour de jeunesse entre l'auteur de "l'attrape coeur" et la future Lady Chaplin, faisant revivre toute une époque. Leur liaison prendra fin avec le départ de Salinger pour le Front mais l'écrivain s'accrochera à cet amour durant toute la guerre. De son côté, Oona fera la connaissance de Charlie Chaplin, qu'elle épousera assez vite. Beibeder imagine la vie de Salinger au front et évoque les blessures psychologiques dont il ne guérira jamais vraiment. Loin de la guerre qui déchire l'Europe, les Chaplin sont heureux dans leur nouvelle vie. Le contraste entre les deux univers est saisissant. C'est la partie du livre à mon sens la plus réussie.
Plusieurs fois durant mon écoute, j'ai regardé des photos d'Oona adolescente puis adulte, mariée à Chaplin et mère de huit enfants. Dans cette vidéo évoquée par l'auteur, on la découvre jeune fille, faisant des essais pour le cinéma. Elle est assez craquante.
Après la mort de Chaplin, Oona perdra le goût de vivre. Charlie était tout pour elle, son époux mais également, probablement, un père de substitution, le sien n'ayant jamais joué son rôle.
J'aurais pu aimer ce livre si Beigbeder s'était effacé pour se concentrer sur la vie de ses personnages, s'il n'avait pas tenté de justifier son goût pour les jeunes femmes, s'il n'avait pas pris ses lecteurs pour des idiots avec des comparaisons idiotes... Je dois reconnaître toutefois que je ne me suis pas ennuyée, intéressée notamment par la vie d'Oona O'Neil.
Un mot sur la version audio : Edouard Baer a le ton qui convient au texte, un ton "à la Beigbeder".
De gros bémols mais une écoute qu'au final je ne regrette pas.
Lu dans le cadre d'Audiolib et d'écoutons un livre, tous les 16 du mois. Ce mois-ci, le thème était "un livre dans lequel on trouve une histoire d'amour".