"C'est pour ça que je vivrai ta vie, que mon sang aura désormais toujours 16 ans. Tu me regarderas et me guideras selon ce que tu fus, ce que tu promettais, ce que tu aimais de moi. Je vais exister par en-dessous, par soustraction, par extension de toi, dans la copie de ta pudeur contre mon excentricité, de ta réserve contre mon exubérance, de ton repli contre mes tripes à l'air".
Ce livre a passé plusieurs semaines sur ma table de chevet avant que je me décide à l'ouvrir. J'ai lu les premières lignes, pour me faire une idée du style et l'ai lu quasiment d'une traite, subjuguée par le style de l'auteure.
Quelques semaines après la mort brutale de Camille, terrassée par une forte fièvre, Sophie Daull a pris sa plume pour raconter ce cauchemar épouvantable. Elle évoque les quatre jours où sa fille s'est battue contre un mal diagnostiqué par le corps médical comme une simple grippe. Elle nous fait partager la sidération ressentie, quand au terme de sa lutte, le corps de Camille s'est arrêté de vivre. Ensuite, il a fallu s'atteler aux démarches qui permettent de mettre la douleur à distance un moment.
C'est à sa fille que Sophie Daull s'adresse tout au long du récit en utilisant un "tu" qui la rend vivante à nos yeux. Le thème évoqué me faisait peur mais je ne regrette pas d'avoir dépassé mon appréhension. Sophie Daull a su trouver les mots justes pour raconter les faits sans aucune once de pathos et même une certaine dose d'humour (ou peut-être plus justement d'ironie). Elle parvient à sous insuffler la force qui lui permet de tenir debout.
Ce récit est d'une dignité, d'une poésie, d'une beauté à couper le souffle. Si vous hésitez à vous lancer, je vous conseille de regarder cette vidéo où Sophie Daull présente elle-même son livre.
Les avis (très positifs également ) d' Antigone - Mirontaine - Martine - Laure
Stephie nous explique pourquoi ce livre n'est pas pour elle.