
Globe - sept 2017 - 283 pages
Pour comprendre le sens de ce titre, j'ai commencé par chercher ce que voulait dire Hillbilly. Voici la définition de wikipédia, "Hillbilly est un stéréotype sociologique appliqué originellement à certains habitants américains des Appalaches. Le sens de ce terme a toutefois été élargi pour désigner toute population ou tout citoyen fortement inculte et grossièrement attaché à ses pénates, vivant le plus souvent dans des contrées rurales. C'est à peu près l'équivalent du français « péquenaud ».
L'auteur nous raconte, dans un récit autobiographique, son enfance parmi les Hillbillies et la façon dont il a réussi à s'extraire de son milieu pour devenir avocat. J.D Vance est né dans les Appalaches d'une famille d'ouvriers qui a quitté le Kentucky pour les mines de l'Ohio. Si les grands-parents ont bien vécu, la génération suivante a subi la fermeture des mines et le déclin du monde ouvrier. Sans travail, vivant des aides sociales, la population s'est mise à consommer à outrance alcool et drogues. Le jeune J.D. a eu la chance d'avoir des grands-parents "sains" qui lui ont donné un peu de stabilité. En effet, sa mère s'est trouvée très vite seule et incapable d'élever correctement ses enfants, sombrant dans l'alcool et dans la drogue.
A travers son témoignage, l'auteur nous permet de comprendre comment et pourquoi l'Amérique profonde a fait basculer les élections du côté de Donald Trump. Au cours du récit, nous découvrons des villes fantômes où les commerces, autrefois florissants, sont désormais fermés. Des vitrines cassées, des bandes de voyous qui traînent dans les rues, c'est le spectacle de désolation que l'on trouve en parcourant les centres-villes. Les habitants, désœuvrés, rendent les plus riches responsables de leurs malheurs et ne trouvent pas l'énergie de se prendre en main. La valeur travail n'existe plus. L'auteur nous montre à quel point il est difficile de réussir sa scolarité quand on a la malchance de naître dans une famille où il est impossible de s'isoler pour faire ses devoirs, où les parents se droguent et s'alcoolisent du matin au soir.
Par un concours de circonstances inespéré, J.D. Vance a pu s'extraire de son milieu. Son témoignage est précieux parce qu'il a le recul nécessaire pour analyser ce qu'il a vécu et les mots pour l'exprimer. Rares sont ceux qui ont le même parcours. L'auteur ne se place pas en donneur de leçons. Il ne verse pas pour autant dans la complaisance vis à vis des siens. C'est en cela que son témoignage est remarquable. En refermant l'ouvrage, j'ai eu l'impression d'avoir fait un grand pas dans la compréhension de ce qu'est l'Amérique profonde.
Un récit précieux.

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