Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Chers visiteurs, bonjour !

Vous êtes sur le blog d'une lectrice passionnée qui aime partager ses lectures. N'hésitez pas à laisser un commentaire, que vous soyez vous-même blogueur ou pas. Vous pouvez aussi me contacter : sylir@orange.fr

 

Ecoutons un livre

Dépôt des liens : Ici

Tous les 28 du mois, je publie un billet récapitulatif des lectures audio des participants. Il n'est pas nécessaire de participer à chaque fois.

 

 

 

16 janvier 2018 2 16 /01 /janvier /2018 07:17

Audiolib (éditions de minuit 2008) - 3 heures d'écoute - Lu par l'auteur

Jean-Echenoz nous propose un portrait du champion de course Emil Zatopek. Pour me faire une idée du personnage, que je ne connaissais vaguement que de nom, j'ai visionné quelques vidéos (ce qui a intrigué mon mari car la course à pied, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé). J'ai découvert un grand gaillard blond, souriant au repos et qui grimace à l'effort. Puis, j'ai écouté la biographie d'Echenoz et j'ai appris qui il était...

Emile Zatopk sort de l'adolescence quand la seconde guerre mondiale démarre. Il travaille dans une usine de chaussures (bata) comme ouvrier. Il participe un jour à contre coeur à un cross organisé par son usine et découvre qu'il aime courir. C'est le début d'une carrière incroyable, que nous raconte Echenoz avec le talent qu'on lui connait.

Cette biographie s'inscrit dans le contexte géo-politique de l'époque, ce qui la rend captivante. On peut faire le rapprochement avec "la petite communiste qui ne souriait jamais" de Lola Lafon, mis à part le style, très différent. L'écriture d'Echenoz est plus épurée. Il va droit au but, choisissant les adjectifs qui font mouche. Il parvient à relever, avec une certaine ironie, l'absurdité du système soviétique qui a largement compliqué l'évolution de Zatopek dans sa carrière mondiale. Pour finir, parce qu'il conteste la répression des russes suite au printemps de Prague, le coureur est lourdement sanctionné et condamné à n'occuper désormais que des postes manuels (éboueur par exemple). 

J'ai vraiment beaucoup aimé ce portrait, lu par l'auteur lui-même. J'ai d'ailleurs préféré l'interprétation de "courir" à celle de "14", qui m'avait un peu déçue. Son interprétation m'a semblé cette fois tout à fait en accord avec le texte.

Une très belle surprise (ce n'était pas gagné vu le thème).

Voici un extrait de "courir" qui donne une idée du style d'Echenoz:

 

"Émil, on dirait qu'il creuse ou qu'il se creuse, comme en transe ou comme un terrassier. Loin des canons académiques et de tout souci d'élégance, Émile progresse de façon lourde, heurtée, torturée, tout en à-coups. Il ne cache pas la violence de son effort qui se lit sur son visage crispé, tétanisé, grimaçant, continûment tordu par un rictus pénible à voir. Ses traits sont altérés, comme déchirés par une souffrance affreuse, langue tirée par intermittence, comme avec un scorpion logé dans chaque chaussure. Il a l'air absent quand il court, terriblement ailleurs, si concentré que même pas là, sauf qu'il est là plus que personne et, ramassée entre ses épaules, sur son cou toujours penché du même côté, sa tête dodeline sans cesse, brinqueballe et ballotte de droite à gauche."

Lu dans le cadre de "Écoutons un livre"

Partager cet article
Repost0

commentaires

D
Bonsoir Sylire, Courir est le roman qui m'a fait connaître Jean Echenoz: j'ai adoré. J'adore son écriture. Bonne soirée.
Répondre
V
j'ai beaucoup aimé aussi!
Répondre
S
@Violette : ce titre m'a donné très envie de lire d'autres titres de l'auteur.
G
Tiens, celui-là je l'ai lu aussi en audio, et j'avais apprécié
Répondre
S
@Gambadou : tu vas finir par être une adepte de l'audio, toi aussi...
E
Je partage ton avis! J'ai beaucoup aimé et pourtant, comme toi l'auteur/lecteur m'avait gâché "14" alors que là, j'ai bien aimé!
Répondre
S
@Enna : Jean Echenoz a une plume formidable et il interprète vraiment très bien ce texte.
H
Javais beaucoup aimé ce portrait !
Répondre
S
@Hélène : je crois qu'il fait l'unanimité.