
Audiolib 2018 (Le nouvel Attila) - 4 h 46 - lu par l'auteure
"Elle ressent à nouveau la tristesse de cette première année en France. Mais elle sent aussi une joie timide qui pointe doucement le bout de son nez : la joie de la réconciliation. Enfin, elle déterre ses racines dans ce terreau qui ne sent plus le passé mais l’avenir"
Le hasard m'a fait lire, au dernier trimestre 2018, deux ouvrages assez proches et tous deux d'inspiration autobiographique. Le premier ouvrage, "les exilés meurent aussi d'amour" d'Abnousse Shalmani", raconte, au travers des yeux d'une enfant née en France, l'histoire de sa famille exilée à Paris, juste avant sa naissance, dans le milieu des années 80.
Dans Marx et la poupée, il s'agit également de l'histoire d'une famille arrivée en France après la révolution islamique mais l'enfant que nous suivons avait 6 ans quand elle a quitté l'Iran. Elle a donc connu directement le déchirement d'être arrachée à une culture, la difficulté de s'approprier une nouvelle langue mais aussi la chute sociale de ses parents, que l'on voit quitter une belle maison dans un quartier chic pour s'entasser à trois dans une chambre de bonne.
La narration est originale, le style très oriental. Plusieurs genres se mélangent habilement : la poésie, le théâtre, le conte, le roman autobiographique, voire documentaire. Le récit n'est pas linéaire dans le temps. Nous sommes parfois de retour en Iran, en pleine révolution islamique ou quand le père de famille a pu y retourner, seul. Nous retrouvons également l'Iran bien plus tard, quand l'enfant, devenue adulte, retrouve sa famille dans la capitale iranienne.
Maryam Madjidi raconte fort bien la difficulté de faire cohabiter la culture d'origine et celle que l'on doit s'approprier pour s'intégrer. La petite fille de "Marx et la poupée" ne parvient à apprendre la langue du pays d'accueil qu'en tournant le dos à sa langue maternelle. Ce n'est que bien plus tard qu'elle parviendra à réconcilier les deux langues en réapprenant la langue persane. Aujourd'hui, elle enseigne le français à des mineurs étrangers isolés.
La version audio est idéale pour ce texte car elle nous permet d'avoir un petit aperçu de la langue persane au travers de quelques phrases et mots disséminés tout au long du roman.
Une belle découverte.