L'iconoclaste - 258 pages - avril 2021
Le fil conducteur des histoires qui composent cet ouvrage est la station service dans laquelle se croisent les témoins d'un "drame" (je ne sais pas si le mot est bien choisi) :
"23 h 12. Ils sont quinze à se croiser, si on compte le cheval et le cadavre planqué à l'arrière d'un gros Hummer noir".
Avant cela, nous remontons le temps et retrouvons chaque témoin dans son quotidien. Les personnages sont très différents les uns des autres et les univers dans lesquels ils évoluent le sont tout autant. Certains parcours sont crédibles, d'autres totalement improbables mais peu importe, nous sommes "à fond dedans", et tout de suite.
"Kérozène" est assez éloigné de mes lectures habituelles. Je ne suis pas une adepte des histoires loufoques, qui, en général, me lassent vite. Cela n'a pas été le cas avec cet ouvrage, que j'ai lu avec une certaine jubilation. Adeline Dieudonné a une imagination débordante et le sens de l'humour.
Je m'attendais à lire un roman, il s'agit plutôt d'un recueil de nouvelles. J'ai pris le temps d'apprécier chaque histoire sans chercher à les enchainer. Après en avoir lu une ou deux, je posais l'ouvrage pour le retrouver avec joie le lendemain. Plutôt que de vous résumer les différentes histoires, je préfère vous livrer deux extraits qui donnent le ton :
"Roger pétait. Dans son pantalon en toile beige qu’il portait haut, la ceinture juste sous les côtes. Marie et Olivier faisaient mine de ne pas le remarquer mais il pétait, avec le naturel et la décontraction d’un enfant de deux ans. Merde. Ces choses là peuvent arriver mais on s’excuse. On rougit un peu, on se tortille, on invoque des problèmes intestinaux, je sais pas. Et la complicité des deux autres. Ce silence. J’avais fini par penser que c’était une conspiration contre moi. Une forme de coalition compacte entre père, mère et fils."
Autre, extrait, autre histoire :
"Sébastien pris Mauricio par la manche et l'emmena dans le salon, qui donnait sur la rue. Une grande truie rose et glabre se prélassait sur toute la longueur du canapé.
Juliette dit : Elle s'appelle Estelle. Tu peux la caresser.
La truie regarda Mauricio avec curiosité, elle remua son groin humide dans sa direction et le laissa toucher sa tête."
Je n'ai pas lu le premier roman de l'autrice "la vraie vie" mais j'y compte bien. Je me suis bien amusée avec celui-ci et je vous le conseille si vous n'êtes pas totalement hermétique aux univers déjantés.
Une parenthèse agréable dans mes lectures habituelles.
Je participe avec le mois belge d'Anne et Mina dans la catégorie "Les Impressions nouvelles" : Un roman édité depuis le dernier mois belge.