Casterman 2020 - 192 pages
Anaïs Nin est une écrivaine des années 30 dont je connaissais la vie dans les grandes lignes, avant de parcourir cette BD. J'ai lu, il y a très longtemps, une sélection de ses journaux intimes. J'étais curieuse de découvrir comment Léonie Bischoff allait s'y prendre pour rendre compte, par le dessin, de la complexité de cette femme.
Anaïs Nin est une femme peu conventionnelle, surtout pour l'époque. Elle laisse libre cours à sa sexualité, aimant autant les femmes que les hommes. Mariée, elle mène plusieurs relations en parallèle. Léonie Bischoff évoque notamment la relation à la fois charnelle et intellectuelle qu'elle entretient avec Henry Miller, dont elle était très amoureuse.
La dessinatrice dessine ses fantasmes, ses états d'âmes et le côté obscur de sa personnalité. Les dessins sont très recherchés, il ne s'agit pas seulement de décrire des lieux, des personnages et des situations mais aussi de sonder les âmes torturées, notamment celle de Anaïs Nin. Cette dernière ne se débarrasse pas du jour au lendemain de la morale qu'on lui a inculquée. C'est tout un cheminement, qui passe notamment par la psychanalyse.
L'utilisation des couleurs plus ou moins lumineuses selon les situations nous permet de capter les ambiances. Une des scènes particulièrement dérangeante est dessinée sur fond noir, par exemple. J'ai lu que cet album était le fruit d'un travail de longue haleine qui avait demandé à son autrice des années de réflexion et d'essais avant d'arriver à trouver la bonne approche. Le résultat est époustoufflant.
C'est un album vraiment très abouti que nous propose Léonie Bischoff !
Participation à la BD de la semaine (liens chez Fanny cette semaine)