Je suis allée voir ce film sans être certaine qu'il me plairait. Durant la première demi-heure, mes doutes ne se sont pas atténués, au contraire : une caméra qui filme à vous donner le tournis, des gros plans pas toujours très heureux sur les visages, un repas de famille interminable, une histoire de pipi-pot qui s'éternise… Pourtant, je suis sortie du film plutôt emballée. Que s'est-il passé entre-temps ? Je me suis attachée aux personnages et je me suis laissée porter une histoire pleine d'humanité. Les acteurs sont tous formidables et très crédibles.
Le personnage central du film, Slimane, est un vieil émigré arabe peu causant mais d'un dévouement sans limite à sa famille. Quand il se fait licencier du chantier naval dans lequel il travaille depuis trente-cinq ans, loin de se laisser abattre, il a l'idée un peu folle d'ouvrir un restaurant dans un vieux bateau destiné à la casse, un endroit sympa on l'on mangerait la spécialité familiale : le couscous au mulet (un poisson). Toute la famille met la main à la pâte (ou plutôt à la graine) pour permettre à Slimane d'aller au bout de son rêve, en dépit d'embûches quasi insurmontables.
Je suis sortie du film avec le sentiment d'avoir partagé l'intimité d'une famille l'espace de quelques heures. C'est assez troublant, peut-être même un peu dérangeant tant le film est réaliste. Mais j'ai vraiment apprécié de côtoyer une culture qui n'est pas la mienne et je connais mal. C'est un film qui peut aider à comprendre une population qui peine à trouver sa place, la fameuse "deuxième génération issue de l'émigration", dont parlent tant les médias.
On sort du film le cœur serré par une fin peut-être trop cruelle?
Un film assez déroutant, mais à voir.
Crédit photo : Allociné.com