Dans le cadre du Prix Inter-Ce, je participe régulièrement à des rencontres d'auteurs. Elles sont toujours chaleureuses, celle-ci n'a pas fait exception à la règle.
Marie Sizun est une jeune romancière de soixante-huit ans, élégante tout en étant simple. Moi qui n'aime pas trop les cheveux blancs, j'ai été séduite par sa belle chevelure argentée. Voilà pour l'anecdote...
Cet ancien professeur de lettres a décidé, à l'âge de la retraite, de se lancer dans l'écriture de romans. L'idée lui avait traversé l'esprit bien avant, mais trois enfants et un travail ne permettent pas de dégager le temps nécessaire à ce genre d'aventure.
Elle a commencé sa carrière de romancière par l'écriture d'un premier roman qui n'a pas trouvé d'éditeur puis s'est lancée dans un roman autobiographique "Le père de la petite", publié chez Arléa. Il sort en poche le 31 mai, je vous conseille vivement de l'acquérir. Elle évoque dans ce livre le retour de son père, prisonnier de guerre, à la fin de la seconde guerre mondiale. Elle était alors petite fille, et a été marquée à jamais par cet évènement. J'ai lu ce livre en 2006. Il m'avait bouleversée, et ce d'autant que ma mère a vécu une expérience similaire.
Le livre pour lequel elle était invitée s'appelle "La femme de l'Allemand". Il fait partie de mes coups de cœur 2007 (voir mon billet). La période et le lieu évoqués sont les mêmes que dans l'histoire précédente : l'après-guerre, à Paris. C'est une période qu'elle a vécue elle-même très intensément.
Une petite fille vit seule avec sa mère. Le papa est absent, il était allemand… La mère et la fille vivent une relation fusionnelle. Pourtant, peu à peu, leur relation se dégrade. La mère a des sautes d'humeur de plus en plus fréquentes, des comportements de plus en plus extravagants. Le nom d'une maladie est avancée : Elle est maniaco-dépressive...
Parallèlement a ses études de lettres, Marie Sizun a suivi des cours de psychologie. Elle est donc sensibilisée aux maladies mentales, notamment à la psychose maniaco-dépressive. C'est une maladie terrible mais intéressante dans le sens où elle exalte ce qu'il y a de plus profond dans l'être humain. Le parcours de la petite Marion, élevée par une maman "pas comme les autres" est absolument bouleversant. D'une expérience comme celle-là, on ne sort pas indemne...Trois jeunes filles de l'atelier théâtre de ma ville ont lu des extraits de ce très beau texte. J'ai retrouvé l'émotion de ma lecture et même plus, grâce à la présence de l'auteur.
Quand elle écrit, Marie Sizun vit en totale osmose avec ses personnages, émue et bouleversée par leur histoire, autant que le lecteur peut l'être. Elle imagine de façon extrêmement précise tous les décors. Passionnée de cinéma, elle adorerait que "la femme de l'Allemand" soit adapté au cinéma. Elle a même imaginé les actrices qui pourraient jouer le rôle de la maman de la petite Marion : Sylvie Testud ou Isabelle Carré. Espérons pour elle, comme pour nous, que son rêve se réalise…
Avant de déposer son manuscrit chez Arléa, elle s'est adressée aux "grands éditeurs", rêvant notamment de Gallimard, qui la fascine. Elle est toutefois très satisfaite de la maison qui lui a ouvert ses portes, Arléa. Elle nous a parlé notamment d'un correcteur qui lui a donné de précieux conseils et grâce auquel elle a progressé dans l'utilisation de la ponctuation.
Un nouveau roman sortira en septembre. L'histoire se déroulera cette fois en Bretagne, région qu'elle aime et dans laquelle elle vient fréquemment se ressourcer. Il sera question d'une femme qui enlève un enfant et se réfugie dans une maison de bord de mer isolée de tout…
Nous avons clos cette soirée fort sympathique par un verre autour d'un buffet de Bretzel et d'apfelstrudel confectionnés par la bibliothécaire.
Joelle a rencontré Marie Sizun quelques jours après moi. Son compte-rendu (ICI)