Nella Bielski est née en Russie. Elle vit à Paris depuis le début des années 60. Au vu de son parcours personnel, je me réjouissais de faire sa connaissance, me disant qu’elle ne pouvait être que passionnante à écouter. Nella Bielski est une personne intéressante et très cultivée, mais la rencontre a été particulière, je me demande si la romancière avait vraiment envie de parler de son livre...
Quand on lui a suggéré de résumer son roman préalablement à l’échange, elle a décliné l’invitation. La présentation a donc été faite par l’une des deux animatrices de la rencontre. Aux questions posées par la suite, elle a parfois répondu un peu à côté, s'embarquant dans des digressions (et nous perdant avec !). De quoi avait-elle envie de parler ? De politique par exemple. Anti-américaniste convaincue, elle nous a présenté sa vision du monde.
Nous avons tout de même parlé du livre qui nous réunissait « l’an 42 ». Elle nous a expliqué que le roman lui avait demandé une dizaine d’années de recherches historiques sur cette époque, mais que l’écriture s’était faite relativement vite. Elle déplore que l’on oublie trop souvent de rappeler que des russes ont énormément souffert, eux aussi, de la barbarie nazie (les juifs notamment). Elle regrette aussi que la résistance allemande ait été plus ou moins passée sous silence. Ce livre met à la lumière deux résistants allemands et une jeune femme russe qui a subi au niveau familial, et l'horreur du goulag et celui du massacre de Babi Yar.
Pour ceux qui n’ont pas lu mon billet, mon ressenti sur ce roman est un peu mitigé. J’ai trouvé les personnages et le sujet intéressants, mais la construction peu harmonieuse. Nella Bielski a fait allusion à ce dernier point, nous expliquant que ce reproche lui avait été fait par les éditeurs français, mais pas du tout par ceux des pays ango-saxons, ces derniers ayant même qualifié de « géniale» cette construction. Cette différence de perception me laisse perplexe. Je me suis permise également de lui glisser, à la fin de la rencontre, qu’à titre personnel j’aurais préféré une trilogie, que les personnages méritaient un développement plus important.
Un mot sur l’épilogue du livre : Une personne de l’assistance lui a fait remarqué que l’épilogue était un peu étonnant, résumant en quelques pages le reste de l’existence des personnages, alors que le livre ne couvrait qu’une année de leur vie. Elle nous a répondu que cet épilogue avait été ajouté à la demande de l’éditeur, mais que pour finir, il lui convenait bien.
Nella Bielsky adore la littérature française et aime écrire dans notre langue, bien cela constitue pour elle une difficulté supplémentaire. Elle a lu et annoté de nombreux écrivains français.
A la fin de la rencontre, il lui a été suggéré de lire un extrait de l'un de ses livres. Elle a préféré nous lire le passage d’un livre de Christian Bobin, sans relation avec « l’été 42 », mais en rapport avec sa propre personne, la femme évoquée dans l’extrait n’étant autre qu’elle-même.
Une rencontre un peu étrange, mais je ne regrette pas le déplacement, les échanges avec les auteurs me passionnent et les « en-cas » étaient excellents !
Cette rencontre a eu lieu dans le cadre du Prix-Tnter-Ce (Cézam), à la médiathèque de Morlaix.