Voilà une bonne dizaine de jours que j’ai rencontré Maylis de Kerangal à la médiathèque de Morlaix, pour une présentation de son roman « Corniche Kennedy » dans le cadre sa participation au prix Inter-Ce. La rencontre se déroulait dans le parc de la médiathèque, nous permettant ainsi de profiter des derniers rayons de soleil de la journée . Les personnes présentes avaient lu et aimé ce livre, ce qui a favorisé un échange vivant et chaleureux.
Maylis De Kerangal nous a tout d’abord résumé son roman : Dans les contrebas de la « Corniche Kennedy », à Marseille, une bande de jeunes gens désoeuvrés se retrouve sur une plateforme rocheuse, occupant les journées à flirter et surtout à plonger dangereusement dans la mer. Non loin de là, un homme les observe. Il s’appelle Sylvestre Opéra. C’est un commissaire de police qui trompe l’ennui, lui aussi, épiant les jeunes gens. Sylvestre aurait sans doute passé l’été à les observer ainsi, plongé dans ses souvenirs s’il n’avait subi des pressions l’incitant à sévir, pour des motifs sécuritaires. S’instaure alors une sorte de jeu de « gendarmes et voleurs » entre plongeurs et forces de l’ordre…
Maylis le reconnaît volontiers, il n’y a pas vraiment d’action dans son roman. Il s’agirait plutôt d’une sorte de roman d’initiation brassant plusieurs genres littéraires, dont le policier. Elle a beaucoup travaillé le cadrage et la lumière, permettant au lecteur de s’imprégner de l’ambiance des lieux. Cette plateforme rocheuse constitue une sorte de théâtre à ciel ouvert donnant sur la mer.
Très volontiers, elle a accepté de nous lire un extrait du roman. J’ai été frappée par la musicalité des phrases. C’est assez fascinant de la regarder lire, sa gestuelle est particulièrement expressive.
Elle utilise assez régulièrement (dans le roman seulement !) un langage très « ado » afin de coller avec l’histoire et les personnages. Elle nous a confié avoir eu la crainte d’être dans l’imposture. Ce vocabulaire elle le connaît pourtant bien, grâce à un fils adolescent. Elle a eu l’occasion de présenter « Corniche Kennedy » dans des classes, notamment à Marseille. Les jeunes n’ont pas manqué de l'interpeller à ce sujet.
Nous avons parlé de ses relations avec son éditeur, Verticales qu'elle apprécie beaucoup pour ses conseils avisés. Pour Corniche Kennedy, par exemple, il lui a conseillé de revoir la construction. Les jeunes et le commissaire faisaient l’objet de parties distinctes. Elle a concassé les deux parties donnant plus de rythme au roman.
Elle se réjouit de voir son livre continuer sa vie, grâce aux prix littéraires. Elle espère aussi (c’est parti pour) voir son livre sortir en poche. Un nouveau roman est en cours d’écriture, mais elle peine un peu ces temps-ci. Sa pratique de l’écriture est quasi-quotidienne. Elle travaille beaucoup.
A la fin de la rencontre, autour d’un verre, nous avons parlé de littérature jeunesse (elle a été éditrice d’une collection d’albums pour la jeunesse). Nous avons parlé aussi de sa collaboration à la revue Inculte, avec Mathias Enard, François Bégaudeau…
Je n’ai bien entendu restitué qu’une petite partie de la rencontre, fort intéressante, qui a duré deux bonnes heures je crois. Dans ces circonstances-là, je perds la notion du temps…
Mon ressenti sur le livre :
J'ai aimé la présentation de cette facette de l’adolescence, assez juste me semble t'il. L'adolescence est une époque de la vie où l'on passe beaucoup de temps à ne rien faire (entre autres !). Je retiendrai de ce livre son ambiance et son style très travaillé. L'histoire n'offre pas d'originalité particulière à mon sens.