3 avril 2007
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23:00
Un petit déjeuner qui change de l'ordinaire !



Il y a quelques jours, j’ai « sèché » le bureau pour participer à une rencontre organisée par la bibliothèque de ma ville, dans le cadre du Prix INTER-CE.
A notre arrivée à la bibliothèque, nous avons pris place autour d’une table basse dressée pour le petit déjeuner et avons attendu notre hôte
une petite demi-heure en papotant. A son arrivée, Luc Bassong s’est intégré très facilement à notre petit cercle d’une dizaine de personnes et la conversation a repris de façon tout aussi conviviale.

Il nous a expliqué son parcours d’écrivain. Fils d’immigré, il a vécu en région parisienne entouré de livres. Son père était économiste, le niveau culturel dans lequel il a vécu était donc assez élevé.
A l’âge de quinze ans il écrit une pièce de théâtre qu’il poste à Radio France comme on jette une bouteille à la mer. Et là, grand coup de chance, un producteur le convoque, ne retient pas sa pièce mais lui donne de précieux conseils. Il se remet au travail et cinq ans plus tard renouvelle sa tentative. Cette fois, la pièce est retenue et il signe son premier contrat. L’ennui, c’est que cette activité est irrégulière et ne nourrit pas son homme. Lassé des petits boulots qu’il doit accomplir pour boucler ses fins de mois, il reprend ses études et devient informaticien, métier qu’il occupe aujourd’hui en co
ntinuant à écrire dès qu’il a un moment.

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Comment immigrer en France en 20 leçons (éditions Max Milo) est son « vrai » premier roman. Il avait envie d’aborder ce sujet douloureux, qui le touche et l’interpelle, mais sans faire pleurer les gens. Il a donc choisi de donner la parole à Isaac, africain candidat à l’immigration, qui rêve depuis toujours de venir en France et se sent prêt pour cela à quitter femme et enfants. La première partie du livre « leçons et exercice » se déroule en Afrique où nous suivons Isaac dans ses démarches semées d’embûches. Parallèlement, nous vivons avec lui une série d’aventures assez cocasses dans une Afrique haute en couleur.
La deuxième partie « corrigés », évoque la désillusion d’Isaac quand il arrive en France : « Un an à Paris, à envier les chiens et les chats parce qu’ils avaient un toit, de quoi manger et l’affection de leurs maîtres, il a de quoi devenir fou.»
Quelques titres de chapitres pour vous donner le ton du livre, que personnellement j’ai bien aimé :
- - On n’obtient pas son visa chez le marabout.
- - Mouton noir montrera patte blanche.
- - Tout caméléon ignore sa couleur.
- - Soyez sérieux, continuez à bluffer.
- - Nagez avec un requin, vous finirez dans son estomac.
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Après avoir parlé de son roman, Luc Bassong a évoqué avec humour une expérience professionnelle d’un an au Cameroun. Il nous a livré quelques anecdotes assez ahurissantes pour nous européens. Un exemple : quand un problème se présentait au sein de l’entreprise dans laquelle il travaillait, plutôt que de chercher une solution, le directeur convoquait le personnel pour une séance de prières collectives ! Luc Bassong a fini par démissionner car c’était trop compliqué pour lui s’adapter aux mentalités et surtout parce qu’il ne supportait pas la corruption qui règne dans les couches supérieures de la société et contre laquelle il est impossible de lutter.
Nous avons ensuite échangé de façon très conviviale sur son métier d’écrivain, ses lectures (il aime beaucoup les romans historiques)… Il s’est intéressé à notre comité de lecture ainsi qu’à l’expérience d’écriture de l’une d’entre-nous. Il a quitté la bibliothèque avec la plaquette des coups de cœur du comité de lecture, visiblement ravi de sa matinée… C’était réciproque !
La dure réalité du bureau m’a rattrapée l’après-midi. J’avais une réunion tout de suite en arrivant et au bout d’un moment, quelqu’un m’a demandé si je me sentais bien. J’étais complètement à côté de la plaque !
Joëlle a participé à une rencontre avec Luc Bassong, également dans le cadre de ce prix, mais dans une autre ville.
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