16 décembre 2007
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Récit - Seuil - 2007
J'ai passé près de quinze jours sur ce récit, parce qu'il m'était impossible de lire plus de deux chapitres de suite.
Il s'agit de témoignages de Rwandais des deux ethnies, recueillis plus de dix ans après le génocide qui a fait plus de 800 000 morts dans le pays. C'est le dernier opus d'une trilogie qui a commencé par "Dans le nu de la vie" (témoignages de rescapés du génocide) suivi de "Une saison de machettes" (témoignages de tueurs). Dans ce troisième volet, on retrouve les protagonistes des deux premiers.
La genèse de ce livre est une décision du gouvernement rwandais de libérer 40 000 détenus Hutus, condamnés en grande majorité pour leur participation au génocide de 1994. Jean Hatzfeld a éprouvé le besoin de retourner voir comment était vécue cette décision.
On peut imaginer l'émoi qu'a pu susciter la libération des tueurs au sein de la population Tutsie ! Une politique de réconciliation a été mise en place par le gouvernement mais à quel prix cette cohabitation est-elle possible ? Ces témoignages montrent à quel point il est compliqué et douloureux pour les rescapés de croiser dans la rue ou d'avoir pour voisins leurs anciens persécuteurs. Les blessures ne sont pas refermées mais il faut bien vivre ensemble ou du moins côte à côte.
Le livre évoque cette cohabitation mais revient aussi sur les massacres. Le point de vue des deux ethnies est exposé. On ne peut qu'être sidéré et écoeuré par ce qui s'est passé. Les survivants parlent des victimes en employant constamment le mot "coupé". C'est effrayant de lire dans un témoignage : "ma voisine et son bébé ont été coupés" ou "ils ont coupé ma soeur".
C'est une lecture certes éprouvante mais utile pour comprendre ce qu'a pu être le dernier grand génocide du XX e siècle. Il est également intéressant d'entendre les témoignages de l'après : la reconstruction et la réconciliation à la fois obligatoires et impossibles.
Ce n'est pas une lecture très gaie en cette période de Noël. En cours de lecture, je me suis demandée pourquoi je m'imposais cela. Je crois que si je suis allée jusqu'au bout, c'est parce je ne me sentais pas le droit d'abandonner ces rescapés. Je pouvais bien faire cet effort, comme celui d'écouter le témoignage des tueurs, pour essayer de comprendre comment une telle abomination avait été possible.
Un recueil de témoignages sur le génocide au Rwanda, éprouvant mais instructif.