Août 2013 - 240 pages
Deux extraits qui donnent le ton :
"Au commencement je ne sais pas que j'ai un corps. Que mon corps et moi on ne se quittera jamais. Je ne sais pas que je suis une fille et je ne vois pas le rapport entre les deux"
"Je sens comme cohabitent le petit animal en short de l'enfance qui escalade le toboggan, la gymnaste marchant sur la poutre, l'adolescente qui danse sur Imagine, l'amoureuse qui monte derrière la moto, la libraire en équilibre sur un escabeau, la mère qui maintient Yoto contre sa hanche. Je marche sur le sentier et cette sensation devient concrète, je suis faite de toutes ces pièces, comme si mon corps était une maison où vivent ensemble le vif de l'existence, fait de désirs, de force et de pulsations, mais aussi l'absence. Tous ces corps de fille évoluent sous le même toit et tissent une mémoire serrée. Je suis ici mais aussi là".
J'ai lu ce roman de Brigitte Giraud en fin d'année, à un moment où je peinais à écrire mes billets, je n'ai donc rien écrit à ce sujet. Ce huit mars, journée de la femme, je suis dit que ce serait tout de même bien de mettre à l'honneur "Avoir un corps" car c'est un livre écrit par une femme et qui évoque bien un aspect de la féminité, celui qui concerne le corps. Ce sera un billet succinct.
Après Daniel Pennac et son "Journal d'un corps" (que je n'ai toujours pas lu alors que je l'ai dans ma Pile A Lire), Brigitte nous offre une géographie du corps féminin, de l'enfance à l'âge adulte. Il manque la maturité et la vieillesse (c'est un peu dommage mais cela s'explique, ce livre est d'inspiration autobiographique et l'auteure a une cinquantaine d'années).
Après l'enfance, marquée entre autres par la prise de conscience de ce que la société attend d'une fille, il est question de l'adolescence avec l'étape cruciale d la découverte du corps de l'autre et l'interaction entre deux corps, puis arrive la maternité et le monde travail, qui tous deux marquent pour la narratrice l'entrée dans le monde des adultes. La narratrice connaît ensuite un deuil, la mort du "garçon", son compagnon. C'est alors le manque cruel du corps de l'autre et la prise de conscience qu'un corps n'est qu'une enveloppe charnelle.
Née à la même époque que la narratrice, j'ai retrouvé dans ce roman des souvenirs et sensations oubliées. Je ne suis pas surprise que Brigitte Giraud ait écrit ce livre à la cinquantaine, l'âge où les femmes réalisent plus que jamais qu'elles ont un corps et qu'il change au fil du temps. J'aimerais une suite à ce livre, la vie ne se termine pas à cinquante ans...
A lire ! (indispensable si vous aimez Brigitte Giraud).
Les avis de : Antigone - Clara -Mirontaine
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.Aujourd’hui, c'est place aux femmes sur les blogs, organisé par Sophie.