Ecouter lire Gallimard 2010 - 9 heures 30 d'écoute
Dans ce récit initiatique fortement autobiographique, Alain Mabanckou raconte l'enfance d'un garçon d'une dizaine d'années, dans le Congo-Brazaville des années 70. Michel (Alias Alain) vit à Pointe Noire avec sa Maman Pauline et son Papa Roger. Il est parfois gardé par Maman Martine, la première femme de Papa Roger, ce dernier étant bigame. Michel évoque sa vie quotidienne, bien différente de celle d'un petit français né dans les mêmes années, comme on peut s'en douter (je suis de la même génération qu'Alain Mabanckou, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle). J'ai été sidérée, notamment, par la façon dont fonctionnait l'école, avec le bourrage de crâne dans l'enseignement du communisme. Le Congo de cette époque-là vit sa première décennie postcoloniale, sous le joug d'un régime marxiste. Michel, sans tout comprendre, vu son âge, n'est pas sans remarquer que l'idéologie communiste est parfois curieusement détournée. J'ai beaucoup aimé également l'analyse du jeune garçon sur les évènements mondiaux de l'époque et notamment sur ce qui se passe en France.
Michel est un enfant plutôt heureux, choyé par les siens mais un poids pèse sur sa poitrine : la tristesse de Maman Pauline, qui ne parvient pas à avoir d'autres enfants. Maman Pauline et Papa Roger finissent par consulter un fétichiste qui leur annonce que Michel détient la clé de la fertilité de sa mère. Pauvre Michel, qui doit se débattre avec la culpabilité que lui cause cette annonce. Quand il n'est pas à l'école ou dans sa famille, Michel s'amuse avec son copain Lounès ou rêve de la soeur de ce dernier, la jolie Caroline avec laquelle il veut se marier, avoir deux enfants et un petit chien blanc. Il écoute aussi, sur un magnétophone, une seule et unique chanson "Auprès de mon arbre", du chanteur barbu (comme il l'appelle). Il s'interroge sur le sens de certaines paroles tout comme il s'intéresse au "Petit prince" et à Arthur Rimbaud.
J'ai vraiment aimé écouter Alain Mabanckou raconter son enfance. Je pense que, dans le cas présent, la voix et notamment l'accent de Mabanckou apportent un énorme "plus" à l'histoire. C'est un texte rafraichissant, amusant, sérieux parfois. La fausse naiveté de Michel peut déranger. Il est évident que l'adulte qui a écrit ce livre se substitue parfois à l'enfant mais cela ne m'a pas perturbée plus que ça car j'avais acté le principe dès le départ.
A écouter ! (ou à lire, mais à mon avis, c'est moins bien !).
Lecture commune avec Enna et Valérie dans le cadre de Ecoutons un livre, chez Valérie