Editions stock - 2009
De Stephan Zweig, j’avais lu avec fièvre il y a quelques années, « Vingt-quatre heures de la vie d’une femme ». J’ai retrouvé dans « Lettre d’une inconnue », écrit par l’auteur en 1927, la même intensité de lecture. Il ne s’agit pas cette fois d’une passion fulgurante, mais tout son contraire puisque cette vénération, unilatérale, durera de longues années. Le prolongement de cet amour est l’enfant que la jeune femme aura de l'homme, un écrivain, lors d’une nuit passée à ses côtés et dont il ne gardera même pas le souvenir. Aimer à la folie et toute une vie un être qui ne vous accorde pas la moindre importance ne peut épanouir quiconque et pourtant, paradoxalement, cet amour comblera notre inconnue autant qu’il la fera souffrir.
La lettre qu'elle écrit à l'écrivain et dans laquelle elle se dévoile, pour la première et dernière fois, commence ainsi : « Mon enfant est mort hier... ».
C'est un texte déchirant qui se prête merveilleusement bien à être écouté. La lecture ne dure qu’une heure quarante et il préférable de ne pas avoir à l'interrompre pour ne pas perdre en intensité. J'ai fait une deuxième lecture par petits bouts, en vacant à quelques tâches quotidiennes qui n’occupent pas l’esprit. La langue est magnifique et Léa Drucker a le juste ton pour porter la voix de cette belle inconnue, à la bien triste destinée.
Une très belle lecture que je dois à Géraldine, que je remercie. Elle a aussi beaucoup aimé ce texte.
Anne a un tout autre ressenti, et je ne peux m'empêcher de la citer : "Je n'ai pas pu (ou pas su) être une lectrice empathique ou compatissante. Quelquefois même j'ai frôlé l'agacement. Comme une envie de la secouer, de lui ouvrir les yeux à cette amoureuse transie !" Je peux comprendre ton ressenti, Anne, mais moi j'ai plutôt eu pitié d'elle, la plaignant d'être à ce point prisonnière de ses sentiments !