Le Serpent à Plumes 2011 - 375 pages - traduit du Suédois par Lucile Clauss et Max Stadler
Deux voix différentes nous racontent le parcours d’Abbas, un tunisien qui a émigré en Suède à l’âge adulte, après avoir rencontré une jeune suédoise de passage en Tunisie. La voix principale est celle de leur fils aîné, un jeune écrivain qui a toujours vécu en Suède, et qui a dans l’idée d’écrire la vie de son père, aujourd’hui disparu on ne sait où. La seconde voix est celle du meilleur ami d’Abbas, Kadir, resté en Tunisie. Apprenant le projet du jeune homme, Kadir veut lui apporter son aide, lui donnant quelques pistes pour mieux appréhender le parcours chaotique de son ami. Le récit du jeune homme (nommé Jonas Hassen Khemiri, tout comme l’auteur du roman…) alterne avec les mails du vieil ami, personnage un peu énigmatique dont on ne sait trop quand il raconte la vérité et quand il l’arrange à sa façon.
Tout cela donne le portrait très vivant d’un homme, de l’enfance à l’âge adulte. Jonas s’est beaucoup affronté à son père, ne comprenant pas ses choix. Avec le temps, il se montre plus tolérant. Il comprend désormais que son père a tout fait pour s’intégrer en Suède, redoublant d’efforts pour tenter de vivre de sa passion, la photographie, tout en nourrissant sa famille. Nous, lecteurs, découvrons une Suède raciste et peu ouverte.
Voilà un livre original par sa forme, qui propose une réflexion intéressante sur les problèmes de culture et d’intégration. La langue est riche et imagée, un peu déroutante au début mais on s’y fait très vite. A noter aussi, les clins d’œil à quelques photographes célèbres (comme Robert Capa).
Un jeune auteur suédois qui sait faire preuve d’originalité !
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