Aléa 2012 - 188 pages
Clarisse, une jeune femme peu sûre d’elle, doit quitter son mari et leur fils pour régler les détails d’un héritage, au fin fond du désert de l'Arizona. Quand elle réalise qu’elle a perdu son téléphone portable, tout de suite après le décollage de l’avion, l’angoisse l’envahit. Pour trouver un peu de réconfort durant le voyage, elle échange quelques mots avec le passager qui se trouve à coté d’elle. Il se prénomme Léonard et se rend dans l'Arizona pour son travail. Le courant passe bien entre eux deux et avant de se séparer, l’homme lui donne sa carte de visite et lui confie une enveloppe dans laquelle se trouvent quelques feuillets qu’il a écrits…
Autant le dire d'emblée, j'ai préféré la première partie du livre : le voyage en avion, le dépaysement de Clarisse en arrivant à destination, la beauté du désert, la chaleur étouffante... Tout cela est fort bien rendu. Le comportement infantile de Clarisse m'a un peu agacée par moment. J’ai bien compris qu’elle avait perdu ses repères et qu’elle était en pleine réflexion sur son couple mais il me semble qu'elle aurait pu s'intéresser davantage à ses hôtes...
Dans la deuxièmre partie du roman, il est question des retrouvailles de Clarisse et de Léonard. Au travers des feuillets confiés à Clarisse, nous découvrons des éléments du passé de Léonard et notamment la fin de sa précédente histoire d’amour. Je dois avouer que j’ai trouvé la démarche de cet homme assez étrange. Confier à une quasi-inconnue un récit aussi personnel, c’est une curieuse façon d’aborder une nouvelle histoire… Quand au récit en lui-même, il m’a semblé d’une moindre qualité d’écriture que le reste.
En dépit de ces réserves, j’ai apprécié de retrouver l’écriture intimiste d’Anne Révah. J’ai relevé plusieurs extraits comme celui-ci : « On peut supporter la colère, la tristesse, la jalousie, même les tempêtes, mais pas la déception. C’est parfois une chute au ralenti qu’on identifie à peine. Même lorsqu’on pense avoir repoussé la déception, enrayé les ruminations. Parce qu’il reste la douleur sournoise, celle qui continue à se répandre sans y penser. La douleur des déçus ne peut éternellement être camouflée, elle finit par déborder, portant son assaut, dévoilant alors le désenchantement qui l’a engendrée ». Anne Révah analyse avec beaucoup de finesse les états d'âme de ses personnages.
J’avais eu un coup de cœur pour "Manhattan", le premier roman d’Anne Révah. Tout en appréciant l'écriture de la romancière, ce second livre m'a moins captivée.
Le ressenti d'Antigone se rapproche du mien - Géraldine a beaucoup aimé