Mercure de France - 2014 - 131 pages
L'histoire se passe à Venise, vous l'auriez deviné. Le personnage principal vient de prendre un poste de professeur de violon dans une famille fortunée. Son travail consiste à donner des cours particuliers au garçon de la famille. Ce professeur est quelqu'un de tourmenté, porteur d'une histoire familiale très lourde, que sa grand-mère lui a racontée pour qu'il la transmette lui-même. Malheureusement, les détails du récit se sont peu à peu envolés de sa mémoire. Par le dépaysement que lui apporte Venise, le professeur tente d'apaiser sa culpabilité, en se promenant dans la ville, en s'intéressant à d'autres histoires que la sienne.
Anne Revah décrit de façon assez subtile les déambulations de son personnage dans la ville. C'est cet aspect du roman que j'ai le plus apprécié. J'ai visité Venise il y a dix ans et j'avais adoré me perdre dans ses ruelles colorées pour déboucher sur des petites places pleines de charme. Depuis, je ne résiste pas aux romans qui se passent à Venise. Sur une chaise longue, dans le jardin, j'étais à Venise...
C'est un roman sur la mémoire, sur la culpabilité qui ronge un individu de l'intérieur, sur sa reconstruction. Malheureusement ces thèmes sont un peu survolés, tout comme celui de la shoah, qui supporte difficilement de passer au second plan s'il n'y a pas une histoire forte au premier plan. Dans "Quitter Venise", les personnages se croisent mais il ne se passe pas grand-chose entre eux.
La fin est ouverte, la dernière phrase est étonnante. D'une certaine façon, elle m'a déstabilisée. J'ai re-feuilleté l'ouvrage, étonnée d'avoir mis de côté si facilement un de mes questionnements du début. J'ai bien aimé me faire surprendre mais j'ai déploré une certaine lourdeur dans l'écriture, que j'ai attribué (ai-je raison ?) à cet exercice stylistique. Je ne peux pas en dire plus à ce sujet sous peine de spoiler. Par ailleurs, bien que le procédé soit intéressant, il ne constitue pas la raison d'être du roman.
Au final, mon avis est donc mitigé. J'ai aimé retrouver Venise mais je suis restée sur ma faim et je n'ai pas trouvé l'écriture aussi aboutie que dans les précédents romans de l'auteure, notamment Manhattan, son premier roman.
Les avis de Géraldine et de Leiloona (assez proches du mien)
Lu dans le cadre d'un partenariat avec Mercure de France, que je remercie pour l'envoi.
2/6