Editions verticales - Janvier 2014 - 281 pages
Pour cette session du blogoclub, le thème proposé était "la littérature française" et les blogo-participants ont choisi de lire "réparer les vivants" de Maylis de Kerangal.
"Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps. Que subsistera-t-il, dans cet éclatement, de l'unité de son fils? Comment raccorder sa mémoire singulière à ce corps diffracté?"
Un jeune homme de dix-neuf ans, Simon Limbres, est victime d'un accident de voiture qui le plonge dans un état de coma dépassé. La mère du jeune homme apprend la terrible nouvelle de la bouche d'un médecin, à l'hôpital. Elle doit ensuite l'annoncer au père de Simon. Les deux parents, effondrés, vont devoir admettre dans un premier temps que la situation est irréversible, que leur enfant est mort bien que son coeur batte encore. La notion de mort cérébrale doit leur être expliquée. Très vite va se poser la question du don d'organes. Il faut faire vite, les heures sont comptées. Pour autant, la décision ne doit pas être prise dans la précipitation. La seconde partie du roman concerne l'opération délicate du prélèvement des organes et celle tout aussi délicate du choix des receveurs et de la transplantation sur d'autres corps. Nous suivons le parcours de l'organe le plus emblématique du corps humain, le coeur de Simon, qu'une femme de 50 ans, Claire, va recevoir.
Comment parler d'un livre aussi fort, comment lui rendre hommage et donner à d'autres envie de le lire ? Je ne suis pas certaine d'y parvenir.
Aux côtés des différents protagonistes de l'histoire, nous vivons intensément les vingt-quatre heures qui s'écoulent entre la mort de Simon et la transplantation cardiaque. L'auteure utilise une écriture vive et précise, très travaillée. Le texte n'est pas dénué d'émotion mais sans pathos. L'auteur évoque le drame qui frappe cette famille endeuillée, puis l'espoir qui nait dans une autre famille, à l'annonce de la greffe tant attendue. Maylis de Kerangal possède une maîtrise de la langue qui force l'admiration et le thème qu'elle a choisi pour ce livre est passionnant. Je devrais plutôt dire qu'elle le rend passionnant. On sent qu'elle s'est beaucoup documentée. J'avais une vague idée de la façon dont les familles pouvaient être confrontées à la question du don d'organe mais je ne savais pas concrètement comment ce délicat sujet était abordé avec les elles par le corps médical. J'ignorais, par exemple, qu'il existe des infirmiers spécialisés dans la prise en charge de ces opérations.
"Réparer les vivants" est une oeuvre littéraire remarquable mais c'est aussi, à mon sens, un plaidoyer pour le don d'organes, bien que n'éludant pas les aspects éthiques que pose cette pratique.
Le 1er septembre, nous vous proposons la lecture d'un ouvrage au choix de Joyce Maynard, une écrivaine américaine.
Les avis de : Titine - Mimi pinson - Fransoaz - Manu - Claudialucia - Lisa - Claire-jeanne - Gambadou
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