JC Lattes - aout 2011 - 400 pages
Ce récit autobiographique s'est imposé à Delphine De Vigan après que sa mère, Lucile, ait choisi de mettre fin à ses jours après des années de souffrance et de lutte contre une maladie qu'on appelle aujourd'hui la bipolarité. Dans la première partie, Delphine de Vigan relate l'enfance de Lucile, élevée dans une famille nombreuse d'apparence "modèle" : des parents aimants, des enfants désirés et bien éduqués... Une famille lourdement marquée par des drames (la mort de plursieurs enfants).
Dans la seconde partie la romancière raconte sa propre enfance, gâchée par maladie de sa mère. Sans complaisance vis à vis d'elle mais avec beaucoup d'amour et de respect, Delphine de Vigan nous fait partager les galères qu'elle a vécues, avec sa soeur, quand les rôles s'inversaient (trop souvent) et qu'elles devaient porter Lucile à bout de bras. L'originalité de l'ouvrage tient au fait que la romancière rend compte au lecteur de sa démarche d'écriture, de ses difficultés et de ses doutes à dévoiler ainsi les secrets de famille. Elle relate l'enquête qu'elle a menée auprès de ses proches pour tenter de comprendre les causes du dérapage de sa mère. Pour cela, elle n'hésite pas à exhumer le passé familial, y compris celui dont personne n'a envie de se souvenir.
C'est un ouvrage éclairant sur cette maladie qu'est "la bipolarité", qui questionne et interpelle sur les causes de la maladie et sur le poids du contexte familial dans son évolution. Cette lecture restera sans nul doute l'une des expériences les plus marquantes et éprouvantes de ma vie de lectrice. Je n'en suis pas sortie indemne, bouleversée par ce texte qui m'a touchée très intimement.
Terrible et magnifique...