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Livre lu en 2024 : J'ai une vingtaine de livres lus l'an passés qui n'ont pas été chroniqués. Le format court va peut-être me permettre de me mettre à jour.
Alors que Fiona, juge aux affaires familiales, doit traiter un cas particulièrement délicat, son mari, qui se sent délaissé, décide d'aller voir ailleurs. Blessée, Fiona tente de continuer son travail comme si de rien n'était mais elle n'est pas en pleine possession de ses moyens. Sa fragilité du moment risque d'avoir un impact sur sa façon d'aborder les affaires.
Ce livre, assez foisonnant (plusieurs cas sont abordés) aborde la question de l'intérêt de l'enfant dans les affaires de justice. Certains dossiers sont si délicats qu'il est difficile d'avoir une opinion tranchée. Par ailleurs, un juge est un être humain qui peut traverser des moments difficiles. Les sujets concernant la justice et le fonctionnement de l'institution judicaire m'intéressent. Ce roman avait donc tout pour me plaire et ce fut la cas.
L'interprétation de la juge par la voix mature de Marie-Christine Barrault est judicieuse.
Gaël Faye est un musicien et écrivain Franco-rwandais né au Burundi en 1982. Je l'ai découvert en tant qu'écrivain, il y a huit ans, avec "Petit pays", un premier roman inspiré de sa propre histoire. Dans les deux ouvrages, il est question du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Jacaranda est davantage centré que le précédent ouvrage sur l'après-génocide et ses conséquences sur les générations suivantes.
Le personnage central est Milan, que nous découvrons à l'âge de douze ans. Il vit en France dans une famille franco-rwandaise et ne connait rien de l'histoire de sa mère, rwandaise. Il découvre le génocide des tutsis à la télévision en 1994. Quelque temps après, débarque chez lui un jeune rwandais que sa famille va héberger quelques mois avant qu'il ne reparte brutalement dans son pays. Ce garçon s'appelle Claude et nous le retrouverons plusieurs années plus tard au Rwanda.
Parmi les autres personnages du roman, nous avons Stella, qui est née après les massacres mais dont la famille a été fortement impactée par le génocide. Les non-dits familiaux auront un impact très important sur sa santé mentale. Milan fait sa connaissance alors qu'elle est bébé et la verra régulièrement au cours de son enfance et adolescence. Ils ont pour point commun ne de pas avoir vécu les massacres mais d'en porter le poids malgré tout.
Jacaranda est un roman difficile à résumer car sa construction est assez complexe. Gaël Faye choisit de faire intervenir de nombreux personnages, sur quatre générations. Le récit passe plusieurs fois d'une époque à une autre et d'un personnage à l'autre. c'est un roman assez didactique qui s'attache à décrire des faits mais c'est aussi un roman très humain car nous accompagnons les personnages dans la découverte de leur histoire familiale. Il est également question du vivre ensemble après le génocide. Comment continuer à vivre aux côtés des bourreaux de nos proches sans les haïr, sans être tenté de se venger ?
Plusieurs fois au cours de ma lecture j'ai eu un sentiment d'abattement et d'écœurement en mesurant, une fois encore, ce que des êtres humains sont capables d'infliger à leurs semblables. Serons-nous un jour capables de retenir les leçons du passé ? Je veux croire que ce type d'ouvrage apporte sa pierre à l'édifice et je vous en conseille sa lecture. En dépit de sa construction un peu complexe, c'est un livre qui se lit aisément.
René Frégni est un auteur que je suis depuis des années et que je prends toujours beaucoup de plaisir à lire. C'est avec grand intérêt que j'ai lu ce recueil d'entretiens réalisé avec Fabrice Lardreau, écrivain et journaliste. Trois parties composent l'ouvrage. Dans "La ville", l'auteur évoque son enfance marseillaise. Dans "la route" il nous raconte sa jeunesse et notamment les années passées sur les chemins de France et d'ailleurs. Dans la dernière partie "le pays bleu", il nous parle de sa vie en Provence et de sa passion pour l'écriture. Des extraits de ses livres de chevet terminent l'ouvrage, accompagnés d'un commentaire personnel sur chacune de ces œuvres.
L'auteur a une écriture très sensuelle que je craignais de ne pas retrouver dans un recueil d'entretiens. Je me trompais. Dès les premières lignes j'ai retrouvé avec bonheur la sensualité de sa plume et ses mots savoureux. L'écrivain nous conduit sur les traces de son enfance à Marseille, où il a passé plus de temps à fuir l'école qu'à la fréquenter. C'est à l'école de la vie qu'il a tout appris ainsi qu'avec sa mère, avec laquelle il entretenait une relation quasi-fusionnelle. Avant de se consacrer à l'écriture, René Frégni a travaillé dans un hôpital psychiatrique. Cet univers à part l'a fortement marqué. Durant sa vie d'adulte, il a animé des ateliers d'écriture dans les prisons. Cette expérience lui a beaucoup appris sur la nature humaine.
Une partie des livres de René Frégni est d'inspiration autobiographique, je connaissais donc les grands lignes de sa vie et son amour pour la nature provençale, qu'il ne se lasse pas de partager avec ses lecteurs. L'ouvrage m'a permis d'explorer plus en détail les sources d'inspiration de son œuvre. Ceux qui connaissent déjà René Frégni auront certainement un grand plaisir à lire ce recueil d'entretiens. Si vous ne connaissez pas l'écrivain, ce livre peut être une entrée en matière pour découvrir son univers. Vous pouvez également lire ses œuvres.
Alba, linguiste de métier, achète un grand terrain dans un village isolé sur lequel se trouve une maison. Elle a pour projet d'y planter 5600 arbres pour compenser son empreinte carbone. En effet, elle a dû beaucoup voyager pour son travail. Alba rencontre les habitants, s'intègre à vie du village et s'attache à un jeune réfugié désireux de perfectionner son islandais.
Audur Ava Olafsdottir a une façon bien à elle de raconter des histoires en prenant des chemins détournés. On ne distingue pas au départ ce qui est important de ce qui relève de l'anecdote. De nombreuses digressions linguistiques ajoutent du charme au roman tout en brouillant les pistes. Le puzzle prend forme peu à peu mais il faut poser la dernière pièce pour avoir une vision d'ensemble.
Je me suis plongée avec délice dans ce roman qui se déguste comme un petit bonbon bien qu'il aborde des sujets qui sont loin d'être légers comme celui de l'écologie, par exemple. Alba est une femme attachante, riche d'un monde intérieur qui lui permet de vivre seule mais qui n'est pas une ermite pour autant. Au fil des lignes nous comprenons que l'achat de cette maison n'a pas comme seule motivation un acte écologique.
Un roman très plaisant à lire, comme tous ceux de l'autrice.
Anaïs Nin est une écrivaine des années 30 dont je connaissais la vie dans les grandes lignes, avant de parcourir cette BD. J'ai lu, il y a très longtemps, une sélection de ses journaux intimes. J'étais curieuse de découvrir comment Léonie Bischoff allait s'y prendre pour rendre compte, par le dessin, de la complexité de cette femme.
Anaïs Nin est une femme peu conventionnelle, surtout pour l'époque. Elle laisse libre cours à sa sexualité, aimant autant les femmes que les hommes. Mariée, elle mène plusieurs relations en parallèle. Léonie Bischoff évoque notamment la relation à la fois charnelle et intellectuelle qu'elle entretient avec Henry Miller, dont elle était très amoureuse.
La dessinatrice dessine ses fantasmes, ses états d'âmes et le côté obscur de sa personnalité. Les dessins sont très recherchés, il ne s'agit pas seulement de décrire des lieux, des personnages et des situations mais aussi de sonder les âmes torturées, notamment celle de Anaïs Nin. Cette dernière ne se débarrasse pas du jour au lendemain de la morale qu'on lui a inculquée. C'est tout un cheminement, qui passe notamment par la psychanalyse.
L'utilisation des couleurs plus ou moins lumineuses selon les situations nous permet de capter les ambiances. Une des scènes particulièrement dérangeante est dessinée sur fond noir, par exemple. J'ai lu que cet album était le fruit d'un travail de longue haleine qui avait demandé à son autrice des années de réflexion et d'essais avant d'arriver à trouver la bonne approche. Le résultat est époustoufflant.
C'est un album vraiment très abouti que nous propose Léonie Bischoff !
Participation à la BD de la semaine (liens chez Fanny cette semaine)
DRH senior au chômage depuis plus de quatre ans, Alain Delambre accepte des petits boulots tout en continuant à répondre, sans succès, à des annonces qui correspondent à son profil. Un jour, il est convoqué à un entretien et parvient à accéder à l'étape suivante du processus. On lui demande de participer à un jeu de rôle. Les dirigeants ont imaginé une prise d'otages dans laquelle les cadres de l'entreprise seront testés. Comme il n'a rien à perdre, Alain accepte de collaborer à ce jeu ahurissant qu'il prend très au sérieux...
"Cadre noir" est un roman noir qui ne manque pas d'humour. Les rebondissements sont jubilatoires, je me suis bien amusée. Mon plaisir de lecture a été amplifié par le talent de conteur de Pierre Lemaitre qui lit merveilleusement bien ses textes. Mais attention, ce livre n'est pas que drôle ! Pierre Lemaitre dénonce les dérives d'un management sans éthique, pratiqué par des dirigeants pour lesquels la fin justifie les moyens.
A l'occasion du mois anglais sur les blogs, je prends enfin le temps de rédiger un billet sur ce roman, que j'ai lu il y a quelques mois. L'histoire se passe en grande partie à Bournville (au sud-ouest de Birmingham ), fief historique du chocolatier britannique Cadbury.
Après un prologue qui nous plonge en mars 2020, en plein covid, nous remontons le temps jusqu'en 1945. Le roman est découpé en chapitres qui reprennent des faits marquants : le couronnement de la reine en 1953, la finale de la coupe de football en 1966, l'investiture du Prince Charles en 1969, le mariage de Charles et Diana en 1981, la mort de Diana en 1997 et enfin le 75ème anniversaire de la victoire de 1945, en 2020.
L'auteur nous montre que la royauté ne fait pas l'unanimité au sein de la population anglaise. Entre fascination et dégoût, chacun a son opinion sur le train de vie royal et sur les frasques des monarques. L'évolution des mœurs au sein de la famille royale suit celle du reste de la population, avec toutefois un certain décalage.
A travers l'histoire d'une famille anglaise "lambda", nous observons l'évolution des mentalités au fil des années. Nous verrons que cette famille assez rigide devra s'adapter à la libération les mœurs. Une part belle est faite à la vie économique en suivant l'histoire de la chocolaterie Cadbury qui subira les hauts et les bas de l'économie anglaise (en lien notamment avec les relations du Royaume Uni avec l'Union Européenne). Nous observons également la famille s'adapter aux progrès technologiques qui vont bousculer les modes de vie : l'avènement de la télévision, d'internet...
En résumé, voilà une bonne occasion de revoir l'histoire contemporaine de l'Angleterre de façon agréable et instructive. Ce fut pour mois belle découverte, dans le prolongement de l'œuvre de Jonathan Coe. Je conseille !
Le diable Vauvert - Collection Nouvelles lunes - 96 pages
Ces temps-ci, le hasard (ou pas) met sur ma route un certain nombre de dystopies. Quand on m'a proposé de découvrir celle-ci, j'ai accepté sans trop hésiter car j'écoute régulièrement des épisodes du podcast de Lauren Bastide "La poudre". J'ai retrouvé sans surprise, dans "2060", les principaux thèmes abordés dans le podcast : le féminisme, l'écologie, les inégalités sociales.
Nous sommes en 2060, la veille de la fin du monde. Nous découvrons le passé de la narratrice, aujourd'hui âgée de 80 ans. Avant d'endosser, à la quarantaine, le costume de militante écologique et politique, c'était une femme sans aspérités. Hélas, son combat et celui de ses camarades n'ont pas porté leurs fruits. Le régime au pouvoir est une dictature fasciste. Le sujet climatique n'a pas été traité suffisamment tôt pour que l'on puisse inverser la tendance. La population est meurtrie et divisée.
Aujourd'hui, l'ancienne militante vit seule dans une maison qui menace d'être engloutie par l'eau, subissant le jour une chaleur étouffante. Durant la dernière journée de sa vie, la vieille femme se remémore avec nostalgie les faits marquants de son existence. Elle va aussi jouir des petits plaisirs simples qu'elle peut encore s'accorder.
Vous l'avez compris, ce roman n'est pas optimiste. Pour autant, ce n'est pas un texte "plombant" grâce à l'écriture poétique de Lauren Bastide qui décrit fort joliment les trésors que nous devons absolument sauvegarder.
Partenariat non rémunéré : j'ai reçu ce livre gratuitement mais je ne suis pas rémunérée pour en parler.
Audiolib 2023 - traduit de l'anglais par Sarah Gurcel (Canada) - 14 h 35
"Lorsque le dernier arbre" nous conduit en Colombie-Britannique (Canada), sur une période s'étalant de 1934 à 2038. La narration n'étant pas chronologique, il faut être attentif pour ne pas se perdre entre les différentes époques. J'ai décidé assez vite de prendre quelques notes afin de les consulter si besoin, au fil de mon écoute. Quand on lit audio, il est plus compliqué de revenir en arrière. Grâce à ces quelques notes et une construction très maitrisée du roman, j'ai réussi à ne pas me perdre dans les méandres de l'histoire.
L'auteur choisit de commencer la narration par la période la plus récente, à savoir 2038. Nous faisons la connaissance de Jacinda Greenwood, qui occupe le métier de guide forestière dans une île miraculeusement préservée suite "au grand dépérissement", phénomène qui a décimé les arbres et réduit le pays en un désert de poussière. La jeune fille apprend que cette île appartenait à sa famille et qu'il existe une possibilité de la récupérer. Afin de nous faire découvrir l'histoire de la famille de Jacinda, l'auteur remonte le temps à la rencontre des ancêtres de la jeune femme. Nous comprenons peu à peu comment s'est constituée la fortune familiale et pourquoi Jacinda n'en a pas bénéficié.
"Lorsque le dernier arbre" réunit plusieurs genres : saga familiale et historique et dystopie écologique. J'ai bien aimé suivre la famille sur plusieurs générations mais je dois dire que le côté très romanesque de l'ouvrage dilue un peu le message écologique. Nous comprenons toutefois comment le capitalisme, poussé à outrance, a conduit à une catastrophe irrémédiable. Depuis la fin de l'été, j'ai lu plusieurs romans sur le sujet écologique. Chacun aborde la thématique différemment. Celui-ci, par sa portée romanesque, s'adresse à un public assez large.
Une lecture distrayante qui a le mérite d'aborder un thème d'actualité brulant.
Lu dans le cadre d'une opération "Masse critique" de Babelio.
Audiolib (Albin Michel) - 17 h 34 - lu par l'auteur
"— C'est un imbécile. lâcha le garçon.
— Non, c'est un con.
— C'est pareil.
M. Pelletier s'arrêta de jouer.
— Non, c'est pas pareil. Si tu expliques trois fois un truc à quelqu'un et qu'il ne le comprend pas, c'est un imbécile. Mais si, à la fin, il est certain de l'avoir compris mieux que toi, alors, tu as affaire à un con."
Après sa trilogie "les enfants du désastre", Pierre Lemaitre nous propose une nouvelle trilogie "les années glorieuses" dont "le grand monde" est le premier opus. Cette nouvelle série a pour objectif de balayer les "trente glorieuses".
Dans "Le grand monde", nous suivons la famille Pelletier, dont le chef de famille est détenteur d'une savonnerie au Liban. Nous sommes en 1948. Aucun des enfants ne souhaite ou ne peut reprendre l'affaire. Nous suivons chacun d'eux dans son évolution, ce qui va nous mener de Beyrouth à Paris en passant par Saïgon, dans le contexte de la guerre d'Indochine.
J'ai eu grand plaisir à écouter Pierre Lemaitre lire à voix haute "le grand monde". Il a une façon de raconter ses histoires égale à sa façon de les écrire. L'écouter donner vie à ses personnages est jubilatoire. Comme dans la précédente trilogie, il frôle parfois la caricature mais je l'accepte volontiers car il le fait avec talent. J'ai découvert quelques faits historiques de l'époque. Je n'avais pas souvenir d'avoir entendu parler du trafic peu glorieux des piastres en Indochine, par exemple.
Je savais que les deux trilogies étaient liées l'une à l'autre. J'étais donc curieuse de découvrir comment. Je n'ai pas été déçue. Ce n'est pas l'opus de Pierre Lemaitre que je préfère mais j'ai passé un très bon moment et je suis impatiente de découvrir la suite.