Calmann Levy - août 2021 - 283 pages
"Et toujours elle se raccrochait à l’idée qu’elle n’était pas seule, que les autres aussi faisaient semblant, pris dans le tourbillon des buts à atteindre, des missions à accomplir, des engagements à respecter, des délais à tenir, les autres aussi supportaient l’insupportable. Car qui aurait pu se satisfaire de cette vie de cases à cocher ?"
Emma gagne sa vie en traduisant les livres des autres. Elle rêve de publier son propre roman mais ne parvient pas à dégager du temps pour cela. Pour gagner à peine de quoi élever son fils Quentin, elle consacre de longues heures à traduire les ouvrages qu'on lui confie. Sans doute manque t'elle aussi de punch de sortir de cette situation qui lui pèse. Le jour où les impôts lui réclament plus d'argent qu'elle n'est capable de gagner dans le délai qui lui est imposé, elle décide d'accepter une mission qui change de son quotidien. Elle intègre un groupe de travail missionné par le géant du Web "Kiwi", qui réfléchit à la création d'un logiciel de traduction automatique qui saisirait toutes les subtilités d'une langue afin d'offrir une traduction intelligente. Là voilà donc contrainte de réfléchir à la façon de scier la branche sur laquelle elle est assise. Dans le même temps, son fils, rêveur d'un autre genre, vit son existence au travers de jeux vidéos. Très doué pour l'informatique, il est contacté par "le dark web" pour une mission qui va l'entrainer sur les platebandes de sa mère.
Nous suivons tantôt Emma, tantôt son fils, sachant que leurs parcours respectifs vont finir par se rejoindre. Un troisième personnage nous est présenté. Il s'agit de la mère d'Emma, une femme "terre à terre" qui remet régulièrement les pendules à l'heure chez sa fille. Elle m'a bien plu cette femme toute simple et bien dans ses baskets. J'ai beaucoup aimé également le personnage plus torturé qu'est Emma. Je pense que nous pouvons nous retrouver facilement en elle. Qui ne perd pas son temps, parfois, à rêver sa vie plutôt que de la vivre pleinement ?
En dehors de l'histoire, qui se laisse lire avec plaisir, Camille de Peretti apporte une réflexion intéressante sur différents sujets de société : les jeunes et les jeux vidéos, "l'amour" et les réseaux sociaux, le monde du travail et son évolution... J'ai bien aimé également que l'on m'incite réfléchir sur l''avenir de la traduction. L'avènement de logiciels de plus en plus sophistiqués ne va t'il pas remplacer les traducteurs "humains" ? C'est un sujet sur lequel je ne m'étais jamais vraiment penchée mais qui m'a interpellée.
Les rêveurs définitifs est ma première lecture pour cette rentrée littéraire d'août 2021. Un titre prometteur, une jolie couverture et un résumé alléchant : tout ce qu'il fallait pour me mettre l'eau à la bouche et n'ai pas été déçue. Sans être un coup de cœur, c'est un roman que j'avais plaisir à retrouver chaque soir et que je conseille aux personnes intéressées par les sujets traités.
Un bon roman de cette rentrée.