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Ecoutez lire (Galimard) - lu par Pierre-François Garel - 7 h et 33 min
Voilà un bon moment que j'ai lu ce livre mais impossible de le passer sous silence tant il m'a marquée. Je l'ai lu en version audio mais fort heureusement, j'avais à disposition la version papier. Je ne crois pas que j'aurais pu m'en passer pour deux raisons : la multitude de personnages portant des noms russes et les nombreuses digressions qui ont leur importance mais qui peuvent perdre l'audiolecteur.
Sans rentrer dans les détails, l'auteur nous propose d'approcher Poutine par l'intermédiaire de celui qu'on a appelé "le mage du Kremlin", à savoir son plus proche conseiller. Dans le roman, l'homme s'appelle Vadim Baranov, dans la réalité il s'agit de Vladislav Sourkov. Sa vie est un véritable roman. L'auteur parvient à retranscrire les liens de Poutine avec Baranov/Sourkov. Il donne au lecteur un aperçu de la façon dont le chef russe traite ses collaborateurs.
Le roman a été écrit avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ce qui est bluffant, c'est qu'il nous éclaire sur les motifs de la guerre et sur la façon dont elle est menée côté russe. Nous comprenons également comment s'exerce le pouvoir totalitaire de Poutine et comment il parvient à rester en place.
Audiolib 2023 (globe 2022) - lu par Loic Corbery - 4 h 35
Nous sommes dans les années 80, marquées par le sida, qui fait des ravages au sein de certaines populations. L'oncle de l'auteur se met à consommer de la drogue, un peu par hasard. Il s'ennuie dans sa vie de jeune adulte dans un village de l'arrière pays niçois. Sa vie bascule quand il contracte le sida. C'est à l'époque une maladie honteuse dont on ne guérit pas.
L'originalité de ce roman est d'alterner l'histoire de ce jeune homme (et plus tard celle de sa fille) avec les avancées de la science en matière médicale, ralenties par des conflits d'égo. C'est révoltant quand on sait que des vies auraient pu être sauvées si l'intérêt des malades avait été la priorité.
Ce roman fait revivre une époque à la lumière de ce que l'on sait aujourd'hui de la maladie et de la recherche médicale sur le sida. J'ai beaucoup aimé la façon qu'a l'auteur de raconter une histoire intime en la replaçant dans l'histoire collective.
C'est une histoire bien triste mais racontée de façon originale et intéressante. La version audio est irréprochable. Je recommande !
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Florence Lévy-Paoloni -
Lizzie - lu par Anny Romand - 15 h 41 minutes
Nous suivons Eleanor, de vingt ans à l'âge de la maturité. Elle n'a pas eu une enfance très heureuse et rêve de fonder sa propre famille. Autrice à succès de livres pour enfants, elle a accumulé un pécule lui permettant d'acheter une vieille ferme à la campagne. Après plusieurs mois de vie solitaire, elle fait la connaissance d'un homme, Cam, qui se montre gentil et prévenant. Il s'installe à la ferme et ils décident d'avoir un enfant. Deux autres suivront, assez rapidement. Cam aime sa femme et ses enfants mais il n'a pas vraiment le sens des responsabilités. Tout repose sur Eleanor, y compris de subvenir financièrement aux besoins de la famille. La jeune femme s'en accommode mais ressent une certaine frustration, qu'elle peine parfois à cacher.
La famille aurait pu continuer à fonctionner ainsi si un évènement accidentel n'avait pas fait voler le couple en éclat. Après la séparation, Eleanor doit composer avec son ex-mari et ses enfants, s'oubliant parfois au profit des autres. Le beau rôle revient à Cam, ce qui est assez révoltant. J'ai éprouvé une grand empathie à l'égard d'Eleanor que je trouve admirable même si, parfois, ses choix sont difficiles à comprendre. J'ai aimé l'accompagner dans son parcours d'épouse et de mère. J'ai souvent fait le parallèle entre son existence et la mienne, bien que nos vies soient différentes. Je crois que toutes les mères peuvent se retrouver dans ce roman. Il faut parfois oublier ses idéaux et prendre la vie comme elle vient. La famille parfaite n'existe pas.
Joyce Maynard est une autrice américaine que j'apprécie particulièrement. Elle m'a comblée avec ce livre que j'ai eu peine à lâcher. J'ai appris qu'elle finalisait la suite de cette histoire. Je m'en réjouis car j'étais vraiment triste d'abandonner Eleanor sans savoir comment elle allait assumer le choix qu'elle fait à la fin du roman.
Quelques mots sur la version audio :
J'ai eu un peu de mal, au départ, à adhérer au timbre de voix de la lectrice, qui m'a semblé être celui d'une femme assez âgée alors que nous suivons une femme plutôt jeune durant une grande partie du roman. Cela n'a pas gâché ma lecture car je me suis accoutumée rapidement à la lectrice, emportée par le texte.
Audiolib (Stock) - 4 h 13 - lu par Françoise Gillard
"À enfant hors norme, savoir hors norme, pensait l’aîné. Cet être n’apprendrait jamais rien et, de fait, c’est lui qui apprenait aux autres."
Ce livre revêt une place particulière dans l'œuvre de l'autrice puisqu'il comporte un socle autobiographique. Comme dans la famille dont il est question dans ce livre, Clara Dupont-Monot a eu un frère "inadapté". Le choix de ce mot m'a semblé surprenant voire suranné (c'est celui qu'on utilisait quand j'étais enfant pour parler des enfants handicapés mentaux). Il est question d'adaptation et d'inadaptation tout au long du livre. L'adaptation de la famille à cet enfant et l'inadaptation de la société à la situation de ce foyer. Alors, au final, qui est inadapté : l'enfant ou la société ?
L'enfant est lourdement handicapé. Il ressemble à une poupée de chiffon mais bénéficie de l'ouïe et du toucher. Ces deux sens permettent une forme de communication avec lui. Parmi les membres de la fratrie, l'ainé est particulièrement doué pour interagir avec ce frère peu ordinaire quand la cadette le rejette, incapable de voir son frère comme une personne à part entière. Chacun fait comme il peut.
Clara Dupont-Monot a choisi de confier la narration aux pierres d'un muret qui se trouve dans la propriété de la famille, dans les Cévennes. Observatrices neutres, les pierres décrivent le comportement des différents enfants vis-à-vis de ce petit frère encombrant mais qui apporte tant aux uns et aux autres. S'ils ne s'en rendent pas compte sur le moment, cette expérience forte de leur enfance leur permettra de développer tout un tas de qualités comme l'empathie, la patience, la tolérance, la solidarité...
Je n'avais pas lu la quatrième de couverture et j'ai été cueillie par la dernière partie du roman, qui fait intervenir un membre de la famille qui vit l'histoire en décalé par rapport aux autres. Je n'ai pas envie d'en dire plus car j'ai aimé ne pas tout savoir à l'avance de cette famille. Je trouve que la quatrième de couverture (que ne n'ai lue qu'à posteriori) en dit de trop.
Il y aurait beaucoup à dire, encore, sur ce roman sensible à l'écriture si poétique. Tous nos sens sont sollicités durant la lecture et une palette d'émotions nous traverse. La place de la nature est prépondérante. C'est vraiment un très beau roman. Le Goncourt des lycéens est une valeur sûre, j'en ai eu la preuve cette fois encore.
Je ne regrette pas d'avoir lu ce court texte en version audio. Les personnages m'ont accompagnée durant une journée, sans que j'aie à les abandonner pour vaquer à mes occupations (du moins celles compatibles avec la lecture audio).
Après une longue pause estivale, je suis de retour sur ce blog pour vous présenter un premier coup de cœur pour un roman de cette rentrée littéraire (j'espère que d'autres suivront !). J'en profite pour souhaiter bon courage à ceux et celles qui reprennent le travail.
Dans son précédent roman, "La belle lumière", Angélique Villeneuve nous entrainait en Alabama, sur les traces d'une petite fille hors norme, Hélène Keller. Cette fois nous sommes en Europe de l'Est, au début du 20ème siècle, dans la peau d'une petite inconnue de huit ans. Henni vit avec sa famille dans la zone de résidence des juifs. Elle a pour modèle sa grande sœur, qui doit suppléer aux carences d'une mère apathique mais aimante comme nous le verrons plus tard.
Au quotidien, les grandes doivent s'occuper des petits. c'est beaucoup de travail et Henni a désormais en charge un bébé, pour sa plus grande fierté. La famille, bien que peu conventionnelle, vit paisiblement jusqu'à ce jour où tout bascule. Des hommes pénètrent dans la maison pour piller et tuer. Après une scène terrifiante et différentes péripéties, Henni se retrouve livrée à elle-même.
Nous suivons la fillette pendant vingt-quatre heures, à hauteur d'enfant. Bien que seule, elle se sent portée par l'amour des siens. Quelques flashbacks nous permettent de comprendre la psychologie de l'enfant et la vie qui était la sienne avant le drame. Nous découvrons son petit monde intérieur et les histoires qu'elle se raconte pour survivre. Elle vit intensément cette aventure en occultant parfois, pour se protéger, la réalité des faits. Elle sera toutefois suffisamment lucide pour trouver les bons gestes, le moment venu, afin de venir en aide à plus vulnérable qu'elle. C'est le cœur serré que nous quittons la douce Henni au tournant d'un chemin qu'elle emprunte pleine d'espoir, avec la candeur de ses huit ans.
Angélique Villeneuve façonne, mot après mot, un univers poétique et enfantin qui contraste avec la violence humaine en toile de fond. Comme souvent, dans les romans de l'autrice, les gestes du quotidien apportent une forme de consolation aux êtres qui souffrent. Il ne faut pas baisser les bras et continuer son chemin pour ne pas sombrer. Je remercie chaleureusement Angélique de m'avoir permis de découvrir en avant-première ce beau roman qui m'a beaucoup touchée. J'ai retrouvé avec enchantement la plume si singulière et merveilleuse qui est la sienne.
Un extrait :
"Elle entre dans l'armoire, s'y assied, et avec précaution en referme la porte. Elle roule en boule sous la dernière étagère et tous les doigts de la famille sont au coeur de cette boule dans le noir odorant. Elle n'est pas seule. Il suffit de dire le nom de chacun dans sa tête."
Allons voir l'avis d'Antigone avec qui je partage une lecture commune, ce 24 août, jour de sortie de l'ouvrage.
Le sous-titre et le dessin de couverture annoncent clairement le programme. Nous voyageons, dans le temps et dans l'espace, à la rencontre des femmes qui se sont battues pour un droit fondamental mais très récent dans l'échelle du temps. Le mouvement s'est mis en marche à compter du 18ème siècle seulement et malheureusement, n'est pas terminé. Toutes les femmes du monde n'ont pas accès au vote dans leur pays !
L'autrice s'adresse à ses filles, qu'elle sensibilise au féminisme : "Depuis que vous êtes minuscules, nous avons questionné le rose et les poupées pour les unes, les voitures pour les autres, l'ambition qui devrait être la même pour toutes et tous. Vous avez appris à aimer le mot féminisme, ce mouvement qui n'exige rien d'autre que l'égalité".
Avec beaucoup de pédagogie, Caroline Stevan répond aux questions aux questions suivantes :
- pourquoi les femmes ont-elles voulu voter et comment se sont-elles battues ?
- Quels sont les personnages féminins qui se sont consacrés à cette cause à travers le monde ?
- Quel est le calendrier de la "libération" ?
- En plus d'être électrices, dans quelle mesure les femmes participent-elles à la vie politique ?
Plusieurs femmes qui ont œuvré pour cette belle cause nous sont présentées. J'en connaissais certaines, notamment les françaises, mais beaucoup m'étaient inconnues. Quelle bonne idée de leur rendre hommage ! Voici quelques noms : Qiu Jin (Chine), Loujain Al Hathloul (Arabie Saoudite), Huda Sharawi (Egypte).
A la fin de l'ouvrage, l'autrice ouvre le débat à d'autres domaines dans lesquels il reste du chemin à parcourir en matière d'égalité entre les hommes et les femmes. C'est le cas notamment de l'engagement en politique. Comme le montre le tableau ci-dessous que l'on pourrait transposer (en partie) au monde de l'entreprise, les raisons du non-engagement sont culturelles et familiales. Les mentalités évoluent lentement, très lentement. Caroline Stevan nous donne des pistes de réflexion sur le sujet du féminisme, encore trop souvent caricaturé et c'est bien dommage.
J'ai trouvé cet ouvrage très bien fait et parfaitement documenté sans être trop didactique grâce aux illustrations, tableaux... qui en disent parfois plus long que les mots seuls. Un lexique mais aussi quelques idées de lectures et de films sont proposés à la fin du livre. Le public ciblé est le lectorat jeunesse mais on peut le lire à tout âge. Je ne me suis pas ennuyée une seconde, bien au contraire.
Un ouvrage à mettre entre toutes les mains ! (il a sa place dans tous les CDI de collèges et lycées !)
"Seuls trois laïcs travaillaient aux Confins : Grenouille, le surveillant général, Étienne, l'intendant, et Rachid, notre professeur d'éducation physique. Le temps et la distance ayant adouci mes souvenirs, je dirai que Grenouille était un salopard de première, un fumier, une crevure."
Nous faisons la connaissance d'un homme qui joue du piano dans les gares. Il attend quelqu'un qui descendra du train, un jour peut-être. Puis nous remontons le temps et accompagnons un jeune garçon que l'on conduit dans un orphelinat après la mort tragique de ces parents et de sa sœur. Rien n'a préparé l'adolescent de seize ans à la vie qui l'attend ans ce lieu sordide appelé "les confins". Maltraitance, humiliation mais aussi amitié et amour seront au programme de ces années noires où le jeune homme va côtoyer "des diables et des saints". Pour ceux qui l'ont déjà lu, j'ai fait le rapprochement durant ma lecture avec "Nickel Boys" de Colson Whitehead.
"Ils étaient durs, ils étaient drôles, ils étaient sans victoires.
Mes amis.
Les soirs de tristesse, les soirs de vin aigre, je pense encore à eux."
Jean-Baptiste Andréa aborde le sujet de la maltraitance à l'égard des enfants avec beaucoup de d'humanité et de finesse. J'ai été prise aux tripes du début jusqu'à la fin de l'histoire, particulièrement prenante. Et quelle plume ! chaque roman de Jean-Baptiste Andréa est un petit bijou. Je dois aussi évoquer la fin de ses histoires, toujours surprenantes et réussies. Ce nouvel opus n'échappe pas à la règle.
J'ai lu que l'auteur achevait, avec ce titre, sa trilogie sur le thème de l'enfance. J'avais effectivement relevé que le point commun entre ses trois livres était l'enfance. Je suis maintenant très curieuse de découvrir quel sera le thème de son prochain ouvrage.
Voilà un roman que j'ai lu durant l'été et qui est sans nul doute mon coup de cœur de la saison estivale.
10-18 (Phébus) - 186 pages - traduit de l'anglais par Karine Lalechère
"vous avez mangé autant que notre cochon le matin.
Il a souri. mary, permets-moi de te donner un conseil. ne compare pas ton employeur à un cochon.
oh. je voulais pas être malpolie. nous aimons beaucoup notre cochon.
ce n'est pas une raison. ton employeur est censé se situer au-dessus du cochon dans la hiérarchie des êtres vivants."
Ma pile à lire regorge de pépites. Il s'agit, pour la plupart, de livres repérés ici ou là puis dénichés dans un vide-greniers ou une boite à livres. C'est le cas de "la couleur du lait", que je voulais découvrir depuis longtemps et que j'avais prévu de lire pour le mois anglais. Je n'ai pas réussi à le finir dans les délais. Ce sera donc mon objectif PAL de juillet-août, dans le cadre du challenge proposé par Antigone.
Le roman commence par quelques lignes de présentation écrites par la narratrice, Mary. Ce qui frappe, à la lecture des premières pages, c'est le style. Pas de majuscules, une écriture toute simple et très imagée : "ceci est mon livre et je l'écris de ma propre main. nous sommes en l'an de grâce mille huit cent trente et un, j'ai quinze ans et je suis assiste à ma fenêtre. je vois beaucoup de choses. je vois les oiseaux qui piaillent dans le ciel. je vois les arbres je vois les feuilles".
Après cette page d'introduction, Mary nous raconte sa vie à la ferme, dans la campagne anglaise du Dorset. Ses parents ne sont pas riches et font travailler leurs filles. Le père est dur voire brutal quand on ne lui obéit pas. Mary pourrait ne pas être heureuse mais elle compose avec la vie telle qu'elle est, s'émerveillant des trésors de la nature et des échanges avec ses sœurs. Un jour, son père décide de la placer chez le pasteur Graham et son épouse. C'est un déchirement pour la jeune fille qui doit tout quitter du jour au lendemain pour l'inconnu. Ignorante et inculte, elle dispose toutefois d'une vivacité d'esprit et d'un naturel qui plaisent beaucoup au pasteur et à sa femme. Elle s'adapte peu à peu à sa nouvelle vie et quand l'occasion lui est donnée d'apprendre la lire, elle se jette corps et âme dans sa nouvelle passion. La mort de la femme du pasteur vient bouleverser l'équilibre trouvé par la jeune fille. Un autre chapitre de son histoire commence alors, d'un tout autre genre.
"La couleur du lait" est un roman très touchant, à l'image de la jeune narratrice. C'est le cœur serré que nous découvrons le destin de cette jeune fille à laquelle nous avons eu le temps de nous attacher. Il est difficile de parler de la deuxième partie du roman sans trop en dire. Je vous encourage donc à découvrir par vous-même la suite cette histoire.
Une ode à la nature et un très beau roman sur la condition féminine au 19ème siècle.
Philippe Rey 2012 - 238 pages - traduit de l'italien par Nathalie Bauer
"C'était peut-être le milieu qui nous avait produits. On avait peut-être ça dans le sang. C'était peut-être les gens qu'on fréquentait, l'ennui, l'absence de buts. Le certitude de ne pas pouvoir évoluer, la prise de conscience de l'inéluctable. Dehors, les années se succédaient, et le monde changeait. Au fond de nous-mêmes, on restait figés.
On n'avait pas de raison de vivre, on n'était pas capables d'en trouver une. On vivait, un point c'est tout."
Nous sommes dans les années 70-80 dans le quartier miséreux d'une ville italienne nommé "La forteresse". S'entassent ici les laissés-pour-compte de la ville qui squattent les logements vides et vivent des minimas sociaux. La famille de Béatrice est un peu moins pauvre que les autres familles. Les deux parents ont un travail. Dans l'immeuble, au dessus de chez eux, vivent un père et ses fils. La mère est décédée, le père est violent. La famille de Béatrice recueille souvent le jeune Alfredo, qui finit par faire partie de la famille. Béatrice et Alfredo sont inséparables tout en se disputant sans arrêt. Au fil du temps leur relation évolue mais aucun d'eux n'est prêt à se l'avouer. Alfredo passe difficilement le cap de l'adolescence, accablé par un fardeau familial qui devient de plus en plus lourd. Béatrice porte le jeune homme à bout de bras et finit pas se consacrer entièrement à lui, pour le meilleur et pour le pire.
"Le bruit de tes pas" nous place en immersion dans une Italie pauvre des années 70 qui offre peu de perspectives à ses jeunes. J'ai éprouvé beaucoup de sympathie pour la narratrice et j'ai lu son histoire le cœur serré. Nous savons dès le début qu'une tragédie va survenir mais nous n'en connaissons ni la cause ni les circonstances. Un certain suspens nous tient donc en haleine jusqu'à la fin, très émouvante. L'écriture est fluide et la façon de raconter l'histoire, sous la forme une longue confidence, m'a beaucoup plu. Cerise sur le gâteau, l'objet-livre est très agréable à regarder et à parcourir. Vous l'avez compris, tout est réuni pour passer un très bon moment de lecture. J'avais noté ce titre après avoir lu plusieurs avis élogieux sur les blogs et le hasard l'a mis sur mon chemin il y près de deux ans. Je l'ai ouvert à l'occasion du mois italien et je me réjouis de cette bonne pioche.
Audiolib 2020 (Albin Michel) - 6 h 59 - lu par Stéphane Boucher
Elwood Curtis est un jeune noir qui vit avec sa grand-mère dans la Floride ségrégationniste des années 60. Elève très brillant, il s'apprête à intégrer l'université quand il est victime d'une erreur judiciaire. On le transfère à la Nickel Academy, présentée comme une institution destinée à mettre sur le droit chemin les jeunes qu'on lui confie.
Elwood va vite constater que la Nickel Academy est une prison qui ne dit pas son nom et que les pires sévices peuvent y être infligés aux pensionnaires. Elwood a un mental d'acier, ce qui lui permet de ne pas sombrer dans la désespérance. Il se lie d'amitié avec Turner, un garçon très débrouillard qui lui donne quelques tuyaux pour survivre dans ce lieu sordide. Mais Elwood ne peut se contenter de courber l'échine indéfiniment...
J'avais pour projet de lire Nickel Boys, après avoir lu et beaucoup aimé "Underground railroad". Je me suis réjouie de le trouver en lice pour le Prix Audiolib 2021. J'avais toutefois une certaine appréhension, espérant que les épisodes violents n'occuperaient pas une trop grande place dans le roman. Je ne vous cacherai pas que certaines scènes sont insoutenables et je frémis d'horreur en sachant que ce roman est inspiré de faits réels. Fort heureusement, l'auteur a su équilibrer son roman. Nickel boys ne fait pas l'impasse sur les scènes de violence mais c'est un ouvrage qui comporte d'autres facettes (roman d'apprentissage, d'aventures...).
D'un point de vue littéraire, l'ouvrage est une parfaite réussite. La construction est maitrisée et la lecture très fluide. La fin, magistrale, m'a scotchée. J'ai éprouvé le besoin de relire les dernières pages afin d'être certaine d'avoir bien compris ce que je venais de lire tant j'étais secouée.
Rien n'a dire sur l'interprétation de Stéphane Boucher, qui a su trouver le ton juste pour nous embarquer dès le départ dans cette histoire dont les principaux personnages sont des adolescents. J'insiste sur "dès départ" car j'ai parfois besoin d'un petit temps d'adaptation pour superposer le texte avec la voix.
Stéphane Boucher ne m'est pas inconnu. Je l'avais découvert et déjà beaucoup apprécié avec son interprétation du livre audio "Le jour d'avant".
Une réussite.
Colson Whitehead n'a pas volé son deuxième Prix Pulitzer.