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Ecoutons un livre

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21 septembre 2025 7 21 /09 /septembre /2025 14:15

POL août 2025 - 560 pages

"Quand nous étions malades, nous avions le droit de dormir avec elle. Elle appelait cela faire kolkhoze, et nous aimions passionnément ce dortoir improvisé autour de sa présence."

Emmanuel Carrère est un auteur dont j'attends avec impatience la publication d'un nouveau livre. J'ai donc acheté Kolkhoze dès sa sortie, et j'avais hâte de m'y plonger. J'ai pris mon temps pour le lire, car les thèmes abordés sont nombreux et je ne voulais pas bâcler ma lecture.

Dès les premières lignes, j'ai retrouvé avec bonheur le style d'écriture d'Emmanuel Carrère, d'une grande fluidité. J'aime particulièrement la manière dont il structure ses ouvrages, s'attachant à ne jamais perdre le lecteur. Dans Kolkhoze, il divise son récit en trente chapitres dotés de sous-titres qui nous aident à suivre le cheminement de sa pensée. La table des matières offre un plan détaillé de l'ouvrage, ce que j'ai trouvé très utile.

Le personnage central du récit est Hélène Carrère d'Encausse, la mère d'Emmanuel. Historienne et grande spécialiste de la Russie, elle a été membre de l'Académie française à partir de 1990 et a occupé la fonction de Secrétaire perpétuel de l'institution.

Il est également question du père d'Emmanuel Carrère, que l'écrivain présente comme un personnage attachant, un peu effacé. L'homme vivait dans l'ombre de sa femme, qu'il admirait. Une fois à la retraite, Louis Carrère d'Encausse s'est intéressé à la généalogie familiale (essentiellement du côté de sa femme). Grâce à ses travaux, Emmanuel Carrère a pu se plonger facilement dans l'histoire de sa famille sur quatre générations.

Du côté de sa mère, l'écrivain est d'origine russe et géorgienne, issu d'une famille d'aristocrates et d'intellectuels qui a fui la Révolution russe. Arrivés en France, ils ont vécu très modestement, cherchant à s'intégrer sans renier leur culture d'origine. Un arbre généalogique aurait été appréciable, mais je m'en suis fabriqué un moi-même pour ne pas me perdre.

Parmi les nombreux personnages présentés dans ce livre, certains sont plus marquants que d'autres. Quelques-uns, dont le grand-père maternel de l'écrivain, ont un passé peu glorieux. Hélène Carrère d'Encausse et son frère Nicolas en ont beaucoup souffert, mais les répercussions sur leur vie n'ont pas été les mêmes. Emmanuel évoque longuement son oncle Nicolas dont il était très proche.

Plusieurs chapitres du livre sont consacrés aux relations de l'auteur avec ses parents et, en particulier, avec sa mère. Elle était assez maternelle, mais s'est durcie par la suite. Elle se montrait intransigeante avec son mari, qu'elle reléguait au second plan. Telle que décrite par son fils, qui pourtant lui rend hommage, il est difficile de la trouver sympathique. Je salue toutefois son courage et son incroyable dignité jusqu'à la fin de sa vie.

"La jeune femme enthousiaste et sérieuse autour de qui mes sœurs et moi nous faisions Kolkhoze a été remplacée. Le visage de maman, dont je pensais être pour toujours le petit Hélénou, est devenu dur, à la fois effrayé et effrayant."

Hélène Carrère d'Encausse était une historienne éminente et une spécialiste de la Russie, régulièrement consultée. Emmanuel Carrère n'hésite pas, cependant, à souligner les erreurs de jugement de sa mère qui, par exemple, n'a pas vu venir la guerre en Ukraine et a parfois fait preuve d'une certaine complaisance envers Poutine avant la guerre.

J'ai beaucoup aimé ce livre. Je l'ai trouvé très riche en contenu et assez drôle par moments, car l'auteur glisse dans son récit quelques anecdotes savoureuses. J'ai aussi beaucoup apprécié les récits de voyage sur les traces de ses ancêtres, notamment en Géorgie, où il n'a mis les pieds qu'à l'âge de 64 ans. La Géorgie est un pays que je connais fort mal, j'ai donc trouvé cette partie du récit très instructive. J'ai également aimé qu'il nous partage sa vision de la Russie contemporaine.

"C'est une constante de la pensée soviétique, m'expliquait Montefiore, c'est peut-être même le cœur du logiciel soviétique, depuis sa naissance, de nommer les choses au rebours exact de leur réalité et de faire vivre les gens dans un univers de mensonge sans limite ni repère, d'inversion généralisée. Le plus devient le moins, le moins devient le plus, la misère l'opulence, le goulag la liberté."

Le dernier chapitre est le plus intime du livre. Emmanuel Carrère y raconte la dernière semaine de sa mère et ses dernières heures. C'est émouvant, bien entendu, mais sans pathos. Je serais bien incapable de raconter un moment aussi intime, mais je dois reconnaître qu'il le fait très bien.

 

Un récit très intéressant

 

"Les pavés de l'été" chez "La petite liste"

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commentaires

G
Je n'arrive pas à être tentée par les deniers ouvrages de Carrère... Parce que récit, parce que pavé, parce que sans doute trop foisonnant pour y trouver une lecture reposante quelque part.
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G
Hâte de le lire.
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A
C'est une lecture prévue pour mon Club de lecture le mois prochain. Il me tarde un peu de découvrir ce roman.
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S
Hâte de lire ton avis, Alex !
A
C'est toujours agréable quand un auteur répond à nos attentes. Il n’est pas prévu pour tout de suite mais je le lirai certainement.
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S
@Antigone : je te le conseille !
I
Carrère ne m'a jamais déçue. Comme toi, j'apprécie notamment sa clarté, y compris lorsqu'il aborde des thèmes multiples... bref, je retiens ce titre !
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S
@Ingamnic : il sait se faire comprendre et son écriture est incroyablement fluide. On ne relit jamais deux fois la même phrase.