Philippe Rey - Avril 2013 - 301 pages - traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Mimi Perrin
(première publication : en 1981)
Dans un petit village paumé du fin fond des États-unis, dans la fin des années 70, quatre jeunes filles font l'expérience de la maternité. Trois d'entre elles ont déjà leur bébé, la quatrième tente de réunir de l'argent pour se faire avorter. Autour de ces jeunes femmes gravitent d'autres habitants du village ou des étrangers de passage.
Au départ, la construction peut déconcerter. On passe d'un personnage à un autre très rapidement. Il faut faire un petit effort de mémorisation des prénoms et du lien entre les personnes. Personnellement, j'aime beaucoup ce travail de puzzle.
L'existence de ces mères avec leur bébé n'a rien d'enviable. L'une d'entre elle, Sandy, est mariée. Elle est irréprochable dans son rôle de maman. Hélas pour elle, son mari n'assume pas cette vie maritale qu'il n'a pas choisie mais qu'il subit à cause du bébé. Les deux autres jeunes femmes, moins matures que Sandy "rament" dans leur nouvelle vie de maman. L'une d'entre elle maltraite son bébé.
Tout cela est triste et parfois glauque mais hélas réaliste. Hier comme aujourd'hui, le sort des mères-adolescentes n'est guère enviable. Aujourd'hui, le "qu'en dira t'on" est peut-être moins pesant, toutefois. Joyce Maynard décrit fort bien les contradictions auxquelles doivent faire face ces jeunes femmes. A la fois fières d'être mères, elles regrettent de ne pas pouvoir sortir le soir comme les jeunes filles de leur âge. Bien qu'ayant conçu un bébé, elles sont ignorantes en matière de sexualité et leurs expériences avec les garçons sont peu épanouissantes. Des contradictions, des frustrations et l'envie bien souvent de quitter un village aux mentalités si étriquées.
J'ai beaucoup aimé les histoires parallèles, comme celle de cette jeune femme qui s'est réfugiée dans une maison du village pour vivre pleinement son chagrin d'amour. Tout ce petit monde se croise tout au long du roman. Les histoires se mêlent les unes aux autres, c'est passionnant.
Dans la foulée, je vais lire "une adolescence américaine", le récit autobiographique que l'écrivain a écrit à l'âge de 18 ans et qui est publié en France pour la première fois en 2013 par les Editions Philippe Rey. Baby Love a été écrit juste après. C'est son premier roman.
Une première rencontre très réussie avec la plume de Joyce Maynard
Les avis d'Antigone - de Clara