Viviane Hamy - 152 pages
Dès les premières lignes, on sait que l’histoire finira mal. Mais avant de connaître les tenants et les aboutissants du drame, l’histoire de la famille Hogan se déroule sous nos yeux. Nous sommes dans les États-Unis des années 30, dans une région forestière et rurale. Les Hogan ne sont pas totalement intégrés à la vie du village, pas complètement à part non plus. Le père William est taciturne et autoritaire mais courageux et travailleur. Aucun des membres de la famille ne semble vraiment heureux. Quand William meurt à l’âge de 40 ans, la mère et le fils suivent la route tracée par le père et se battent pour conserver en l’état leur propriété. Hélas, Thomas change peu à peu. L’enfant timide et renfermé devient un adolescent mal dans sa peau contenant avec peine une violence sournoise.…
De nombreuses métaphores ponctuent le texte, adroites et inventives. Je les guettais pour les savourer à leur juste valeur, tout en me laissant porter par l’histoire, bien menée. On visualise précisément les lieux et les paysages, les personnages sont fort bien croqués. L'histoire, assez sordide, est illuminée par le style, bluffant, surtout quand on sait que la jeune romancière n’a que 22 ans ! J’ai lu quelque part qu’elle se nourrissait de littérature américaine. A la lecture de ce texte, on perçoit effectivement cette inspiration. On pense à Steinbeck, cité en exergue.
Un extrait s'impose : "Il ne reconnaissait pas ces gens ; certains, paraît-il, étaient des cousins de son père. Des hommes au teint sale, aux yeux noirs, à la bouche fendue telle la queue d’un rat qui file à travers champs. Ils portaient de larges chapeaux de cuir pour cacher leurs visages et les protéger du soleil. Des enfants aux cheveux très longs étaient présents, Thomas ne les avait jamais vus à l’école. Ils parlaient avec un accent du Nord, leurs dents se chevauchaient. Quand ils riaient, on avait l’impression d’assister à un concert d’éclopés, les mots qu’ils crachaient semblaient ricocher contre les murs et retomber sur le sol, comme de minuscules crottes de chèvre séchées".
Une jeune romancière à suivre de près !
Merci à Moustafette pour le prêt !
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