
Le narrateur, Antoine, est parisien et luthier de métier. Dans sa jeunesse, il est tombé littéralement amoureux de l'Irlande du Nord et de ses habitants au point d'adhérer totalement à leurs idées. Au moindre temps libre, durant trente ans, il s'est rendu en Irlande pour soutenir le combat des indépendantistes.
Le titre est étonnant. La juxtaposition de Mon et de traître n'est pas habituelle et a de quoi intriguer… Mais dès le début de la lecture on comprend ce qu'il en est : Antoine, a été trompé par son ami le plus cher pendant des années. Celui à qui il vouait une admiration sans borne a trahi son entourage en collaborant avec les ennemis du mouvement auquel il paraissait donner sa vie.
Il est un peu difficile de comprendre que l'on puisse vouer tant de temps et d'énergie à une cause qui n'est pas directement la sienne (presque une vie !). On imagine donc la déception du narrateur, et le mot est faible, quand il apprend la vérité au sujet de son ami. Cette histoire est d'autant plus troublante qu'elle est issue de l'expérience personnelle de Sorj Chalandon. Pour ceux qui connaissent un peu l'histoire de l'Irlande du Nord, le traître est Denis Donaldson.
Mon traître retrace une période sanglante de l'histoire de l'Irlande Du Nord : La lutte armée de d'IRA dans les années 80. Voilà un bon moment que je n'avais pas entendu parler de ces événements qui ont défrayé la chronique pendant des années.
J'ai apprécié le style du livre, proche de la confidence. Mais ce que j'ai aimé le plus c'est la réflexion qu'il inspire sur l'amitié. Comment peut-on pendant vingt-cinq ans tromper ainsi un ami ? Et du côté de l'ami trahi, comment vit-on une telle blessure ? L'amitié survit-elle à une telle épreuve ?
Un lecture intéressante.
L'avis de Yvon