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10-18 (Belfond 2020) - 402 pages - traduit de l'anglais (Irlande) par Sarah Tardy
Une note historique, en début de livre, nous donne quelques indications précieuses sur le contexte historique du roman : "Dans les années 1580, un couple qui habitait Henley Street, dans la ville de Statford, eut trois enfants : Suzanna puis Hamnet et Judith, des jumeaux. Le garçon Hamnet, mourut en 1596 à l'âge de onze ans. Quatre ans plus tard, son père écrivit une pièce de théâtre intitulée "Hamlet".
En partant de faits réels, Maggie O'Farell nous propose un merveilleux roman dans lequel elle tente d'imaginer ce qu'a pu être la vie de cette famille frappée par un deuil cruel. Shakespeare n'est jamais nommé explicitement. Il est appelé "le père" ou "le mari". Souvent absent de son domicile, le dramaturge n'est pas au centre du roman, laissant la place à sa femme, Agnès, une femme tout aussi attachante qu'atypique. Les relations entre les enfants, notamment entre les jumeaux, constituent des moments forts du roman.
Grâce aux allers et retours entre les différentes périodes de la vie d'Agnès nous réunissons peu à peu les pièces du puzzle de son existence : une enfance à la campagne, une rencontre improbable avec Shakespeare et une vie maritale peu conventionnelle. Le portrait d'Agnès est magnifiquement bien incarné. Cette femme illettrée est très utile à son village grâce à sa connaissance des vertus médicinales des plantes. Bien que maternelle et attachée à son foyer, elle tient à garder son activité de soignante auprès de la population, coûte que coûte.
Maggie O'Farell nous offre un roman sensuel et d'une grande richesse. Elle n'hésite pas à flirter avec le surnaturel. Certains passages sont poignants mais l'écrivaine de tombe jamais dans le pathos. Le contexte historique est intéressant. Nous pouvons imaginer les conditions de vie de l'époque. Nous traversons notamment une terrible épidémie de peste.
Un gros coup de cœur et assurément une de mes plus belles lectures de ces dernières années.
J'ai lu ce livre fin 2024 sans faire de billet. Le mois anglais me donne l'occasion d'en parler sur ce blog.
Lu dans le cadre du mois anglais organisé par Lou et Titine
Quai volaire 2001 - 318 pages - traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek
Harris Antlers, metteur en scène célèbre et Viola Windrush, jeune anglaise de passage aux USA, se rencontrent dans un théâtre New Yorkais. Harris, personnage repoussant à tous points de vue, tombe amoureux de Viola qui ne ressent à son égard que de la répugnance. Loin de se faire une raison, Harris s'entête et se met à harceler la jeune femme de plus en plus violemment.
Avec un humour "so british", l'écrivaine britannique met en scène intentionnellement des personnages à la limite de la caricature. Certaines scènes, notamment les plus violentes, sont dignes d'un vaudeville. Angela Huth nous propose un roman divertissant mais pas mièvre pour autant. La psychologie de ses personnages est très fouillée, y compris celle des personnages secondaires, par ailleurs très attachants.
Chaque année, je déguste, à l'occasion du mois anglais sur les blogs, un roman d'Angela Huth. J'adore retrouver l'atmosphère un peu désuète de ses histoires. Cet opus a été écrit dans les années 90 mais on pourrait se croire dans les années 50. Une partie de l'intrigue se déroule dans une demeure anglaise typique dont le jardinier remet en état un jardin où il doit faire bon se prélasser en buvant une tasse de thé. Sans être un page-turner, voilà un roman que l'on savoure avec délectation, charmé par l'audace et la fantaisie de la romancière.
Lu dans le cadre du mois anglais organisé par Lou et Titine
Lizzie 2023 ( Buchet / Chastel) 2 h et 18 min lu par Véronique Vella
Il y a des auteurs qui écrivent toujours un peu le même livre. C'est en partie le cas de Marie-Hélène Lafon, ce qui ne m'empêche pas de continuer à la lire. Ses histoires se déroulent toutes en milieu rural, dans le Cantal. L'écrivaine met en scène des personnages simples dont elle décrit la vie quotidienne.
Cette fois il est question d'une jeune femme maltraitée et méprisée par son mari. Nous sommes dans la société patriarcale des années 60. Avec trois enfants qui sont arrivés très vite après le mariage, cette femme peut difficilement changer le cours de son destin. Va t'elle nous surprendre ?
J'ai aimé ce livre pour son écriture impeccable mais aussi pour l'habilité de l'écrivaine à faire revivre une époque. Elle nous offre un portrait de femme qui sonne tristement juste. L'originalité du roman est de donner la parole au mari dans la dernière partie du roman.
La version audio est à la hauteur du texte. Sa durée assez courte le rend accessible à des personnes qui n'ont pas l'habitude de lire audio.
Fanny, une quarantaine d'années, vient de reprendre une ferme apicole en Bretagne. Cette femme n'est pas apaisée. Nous comprenons rapidement que son passé la hante et qu'elle est sur le qui-vive. Tout en suivant son quotidien auprès des abeilles, nous découvrons peu à peu ce qui la tourmente. Comme souvent, la quatrième de couverture en dit de trop. Je m'arrêterai donc là pour ce qui est de l'histoire.
"Le chant des reines" est un roman est un roman terroir avec une touche de "feel-good". Ce n'est pas une lecture que j'aurais choisi de lire par moi-même (on m'a prêté l'ouvrage) mais je ne regrette pas d'avoir accepté la proposition de prêt.
J'ai bien aimé les passages concernant l'élevage des abeilles ainsi que ceux évoquant la cohabitation difficile entre les différentes formes d'agriculture en Bretagne. Ces passages sonnent juste et montrent que Sara Bell connait les sujets évoqués. L'histoire personnelle de Fanny est touchante mais racontée de façon trop un peu trop romanesque à mon goût. Ce sera mon bémol.
Le livre a obtenu le Prix "Jeune talent" Jeannine-Ballard" qui célèbre les récits ancrés dans l’histoire et la richesse culturelle des régions françaises.
Anouk a décidé de quitter sa vie à Montréal pour passer l'hiver seule dans une cabane abandonnée située dans la région de Kamouraska (au nord-est de Québec). Avec une température de - 40 degrés à l'extérieur, les conditions de vie sont difficiles. Nuit et jour il faut mettre du bois dans le poêle pour maintenir une température supportable.
Anouk savoure le calme du lieu et la beauté de la nature, qui contrastent avec la vie à Montréal qu'elle ne supportait plus. Dans sa cabane, elle a le temps de de penser au sens qu'elle voudrait donner à sa vie. Elle lit et écrit, bien que les loisirs passent en second plan quand on est en mode "survie". Parfois la solitude lui pèse et elle rêve d'un homme dans son lit.
"Encabanée se présente comme un journal de bord agrémenté de quelques dessins et de listes de pensées qui ne manquent pas d'humour. En voici un exemple :
Liste n° 117 :
Choses à ne pas oublier la prochaine fois :
- une bouillotte
- l'histoire des explorateurs morts gelés dans le grand Nord
- un sac de couchage -1000° C
- Tous les bas de laine en alpaga que j'ai donnés en cadeau en revenant du Pérou pour les enfiler les uns par-dessus les autres
- La meilleure bouteille de scotch d'Ecosse (sans glaçon)
- Un homme velu pour faire du peau à peau
La langue est truculente et le parlé québécois tout à fait compréhensible. Il est toutefois possible de vérifier le sens de certains mots dans le lexique proposé à la fin de l'ouvrage.
J'ai passé un très bon moment en compagnie de Fanny dans cette cabane au fin fond du Québec. J'adore entreprendre ce genre d'expérience par procuration. Tout en étant un roman d'aventure, "Encabanée" est un ouvrage à portée écologique qui prône un retour à un mode de vie plus proche de la nature.
D'après le livre de Thomas Piketty - 2022 - 176 pages
Cet ouvrage est inspiré de l'essai éponyme de l'économiste et écrivain français Thomas Piketti, spécialisé dans l'étude des inégalités économiques. L'ouvrage de Thomas Piketty fait 1197 pages, c'était donc un gros challenge de l'adapter en bande dessinée !
Pour rendre le propos plus digeste, Claire Alet et Benjamin Adam ont imaginé une saga familiale qui retrace l'évolution dans le temps de la répartition des richesses et modèles sociaux, sur une période qui s'étale de la Révolution à nos jours. Nous voyons comment la fortune de cette famille évolue au fil du temps. Plus on est riche et plus on s'enrichit ! Il est question du droit de propriété, de l'impact des impôts (l'impôt proportionnel étant plus favorable aux riches que l'impôt progressif), du rôle de l'esclavage puis de la colonisation dans l'acquisition des fortunes.
La famille que nous suivons vit de ses rentes jusqu'à 1914 puis peu à peu voit sa fortune diminuer en raison de la mise en place de l'impôt progressif et de l'effort demandé aux riches pour la reconstruction de la France. A partir de 1945, cette tendance s'accentue en raison de la nouvelle guerre, de l'inflation et crise de l'immobilier. Les membres de la famille se mettent à travailler, ne pouvant plus vivre de leurs rentes.
Durant les trente glorieuses, une société plus égalitaire voit le jour. Pour autant, des inégalités subsistent. Elles vont repartir à la hausse au cours des dernières décennies. Thomas Picketti, auteur engagé, ne croit pas à la théorie du ruissellement et pense qu'un autre modèle que celui de l'ultra-capitalisme est possible. Il donne quelques pistes de féflexion, certaines plus réalistes que d'autres.
J'ai trouvé cet ouvrage dense mais abordable et pédagogique. Il nous permet d'aborder l'histoire de notre pays sous un angle inhabituel. Je n'aurais pas le courage de lire un des essais de Thomas Piketti, je suis donc satisfaite d'avoir eu cette BD entre les mains (je remercie au passage mon voisin :-)). Le sujet n'est pas léger mais le format de la BD rend le propos plus accessible. Des petites pointes d'humour de temps en temps sont sont les bienvenues.
Il est difficile de restituer la lecture d'un ouvrage qui en résume déjà un autre. J'espère ne pas avoir été trop simpliste dans ma façon de le présenter.
Je conseille cette BD !
Lu dans le cadre de la BD de la semaine. Cette semaine chez Moka
Audiolib 2023 (Stock - Ma nuit au musée) - 4 h 30 - lu par Irène Jacob
Lu en 2024
Lola Lafon a passé une nuit dans le musée Anne Frank (plus exactement dans "l'Annexe") suite à la proposition d'un éditeur de contribuer à la collection "Ma nuit au musée". D'origine juive, L'écrivaine a écrit plusieurs ouvrages sur le thème de l'adolescence. Il n'est donc pas étonnant qu'elle ait choisi de passer une nuit dans le musée Anne Frank, bien qu'elle pressentait, vu l'histoire du lieu, qu'elle y passerait une nuit éprouvante.
L'annexe est le lieu où a vécu clandestinement la famille Frank pendant deux ans, avant d'être dénoncée et déportée au camp Auschwitz-Birkenau. Durant sa nuit dans l'Annexe, l'écrivaine laisse son esprit vagabonder. Nous passons la nuit à ses côtés et tentons d'imaginer ce qu'a pu être la vie des Frank dans cet espace de 45 m2, sous les combles, dans lequel un silence absolu s'imposait en journée.
Durant cette nuit durant laquelle elle a très peu dormi, Lola Lafon s'est interrogée sur sa judéité, sujet qu'elle avait jusqu'ici peu exploré. Elle s'est également remémoré un souvenir poignant de son enfance en rapport avec le titre du livre. La chanson dont il est question est "I stated a joke", un titre des Bee Gees que j'avais un peu oublié et que j'ai redécouvert avec un pincement au cœur après avoir fini d'audio-lire " Quand tu écouteras cette chanson".
Lola Lafon nous livre un récit personnel et émouvant que j'ai aimé écouter le soir, dans le noir, imaginant que j'étais moi aussi dans "L'Annexe". Il ne me reste plus qu'à relire le journal d'Anne Frank.