Avant l’été, j’ai participé à une rencontre littéraire organisée dans le cadre du Prix Inter-CE. Problème de communication ou désintérêt des gens pour ce genre de rencontres, nous n’étions que deux lecteurs (lectrices en l’occurrence) à avoir fait le déplacement, dans la petite commune rurale qui recevait l’auteur. Pas un lecteur de la commune n’était présent ( ! ? ). Un peu dommage pour l’auteur tout de même…
L’échange s’est déroulé de façon informel en raison du petit nombre de participants. Marie-Sabine Roger nous a parlé de sa carrière d’auteur (elle est publiée depuis plus de 20 ans, notamment en jeunesse), et plus précisément de La tête en friche, livre en lice pour le Prix Inter CE 2009. J’avais apprécié cette lecture « détente » entre deux ouvrages plus lourds. Ce côté léger du livre lui a valu plusieurs refus de la part de « grosses » maisons d’édition, qui le qualifiaient de trop populaire. Sa dernière tentative avant de ranger le livre dans un tiroir a été de l’envoyer chez Le Rouergue, dont elle avait de bons échos. Leur réponse a été favorable, bien que le livre ne soit pas forcément dans leur ligne éditoriale. L’éditrice qui a pris en main le livre, a fait un travail de fond, l’accompagnant comme il se doit. Ce n’est pas forcément le cas des "grosses" maisons d’édition qui ne prennent pas toujours le temps d’accompagner un livre comme le faudrait. Les ventes s’élèvent à 14 000 exemplaires, grâce qu bouche à oreille principalement, la presse l’ayant « boudé ».
De quoi parle ce livre ? Un extrait de mon billet :
C'est l'histoire d'un brave homme qui ne manque pas de bon sens, mais qui a un peu "la tête en friche". Pas d'amour maternel, un père aux abonnés absents, un instituteur qui le prenait pour un idiot, tout cela ne l'a pas aidé à grandir. Mais rien n'est jamais définitif... Un jour, au jardin public, il sympathise avec une vieille dame, cultivée et pas bêcheuse pour deux sous. Ils ont une passion commune, compter les pigeons. Ca leur donne un premier sujet de discussion. D'autres suivront et peu à peu une histoire d'amitié prendra naissance. La vieille dame réussira même à lui transmettre sa passion de la lecture ;
A la question : « Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? », Marie-Sabine Roger a toujours beaucoup de difficultés à répondre et pour cause : quand elle commence à écrire, elle n’a pas la moindre idée de l’histoire qui va prendre forme. La première phrase entraîne la suivante… Parfois, au bout de quelques pages, elle débouche sur une impasse.
En y réfléchissant après coup, elle a tout de même quelques réponses à apporter à cette question, pour ce qui est de La tête en friche. La notion de culture est une notion à laquelle elle a beaucoup réfléchi : en tant qu’enseignante, tout d’abord, mais aussi en raison d'un entourage constitué principalement d’autodidactes. Elle est très agacée par les gens qui se croient cultivés, parce qu’issus de milieux favorisés. Ils ont bien souvent une culture surfaite bien moins intéressante que ceux dont le savoir s’est constitué au fil du temps, grâce à leur curiosité. Germain, le personnage principal du livre est de ceux-là… Marie-Sabine Roger a pris beaucoup de plaisir à créer ce personnage. Elle s’est aussi beaucoup amusée de ses échanges avec son amie Germaine, cette vieille dame qui se prend d’affection pour lui.
La fin de la rencontre s’est terminée par un scoop : le livre va être porté à l’écran et pas par n’importe qui puisqu’il s’agit du réalisateur Jean Becker. Et dans le rôle principal il a choisi Gérard Depardieu ! Tout en étant ravie du nouveau tournant que prend son livre, Marie Sabine est un peu inquiète, ce qui parait légitime. Un peu étonnée aussi du choix de Depardieu, bien plus âgé que Germain dans le livre. C’est Gisèle Casadessus qui jouera Margueritte. A suivre donc, le tournage est prévu pour l’automne.