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Stock 2009 247 pages
Un extrait tout d’abord :
« Si je suis une guenon, c’est à cause de Papy chinois. D’abord ma couleur. Je suis marron clair, et plus foncée sur le visage à force de garder les chèvres tout l’été. Ensuite, mes cheveux sont noirs intenses, comme le bois d’ébène. Tout ça à cause de Papy chinois qui est un original jaune de Chine très sévère. En Chine, les gens sont durs parce qu’ils ont appris à garder l’amour dans le cœur, alors le cœur il gonfle, il gonfle et un jour, tchouf ! il se vide comme un ballon de foire et tout l’amour s’envole. Le cœur se sent tout drôle et se transforme et pierre. Parfois la pierre se brise et c’est pire encore car la tristesse entre dedans par la fissure et, quand la pierre explose, toute la tristesse s’envole dans le ciel et ça crée une dépression terrible. »
Elle s’appelle Ninon et c’est une petite sauvageonne sacrément attachante ! Elle ne manque pas d’amour, mais de cadre, sans nul doute. Elle pourrait souffrir de la situation, mais non ! Elle profite de la liberté qui lui est offerte et sa gaîté naturelle lui permet de ne pas se focaliser sur le manque de confort, ou le regard des autres. Elle n’est pas douée pour l’école mais se montre remarquablement débrouillarde dans la vie quotidienne. On la traite de guenon parce qu’elle n’est pas très jolie, mais peu lui importe, ses biquettes chéries l’aiment comme elle est !
Bien sûr elle préfèrerait que ses parents vivent encore ensemble, d’autant qu’il faut maintenant se coltiner « grocon », le compagnon de Zélie, sa mère. C’est d’ailleurs un peu pour cela qu’elle a choisi d’aller vivre avec Fred, son papa. Mais aussi parce que ça lui fend le cœur de le savoir tout seul, avec ses biquettes à traire, et sa maison à construire. Et puis avec Fred, l'école n'est pas obligatoire !
C’est Ninon qui s’exprime tout au long du roman, avec la spontanéité qui la caractérise. Ses réflexions sur sa situation familiale ou la marginalité de ses parents sont souvent amusantes mais interpellent un peu les adultes que nous sommes. Même si Ninon est heureuse, il est à craindre qu’elle rencontre plus tard quelques difficultés d'adaptation à une vie en société ! On ne juge pas les jeunes parents, Ninon ne le voudrait pas. On espère juste qu’ils grandissent un peu, surtout Fred, le papa.
J’ai beaucoup aimé le rapport de la fillette aux animaux. Elle s’occupe avec dévouement de ses biquettes, cajole un chat sans poils nommé « coucou »… Tout cela est formidablement bien rendu par la voix de cette adorable petite « guenon » au grand cœur.
Je suis très admirative de l’écriture et du ton de ce premier roman, qui rendent la petite Ninon si fraîche et attachante. Bravo Maud, pour ce très beau portrait d’enfant !
Comme Antigone, je me propose de faire voyager ce livre. Si vous êtes intéressé, merci de me le faire savoir. Pour commencer, il part chez Stéphanie puis chez Martine - Praline - Soie - La pyrénéenne - Flo - Jumy - Armande - Géraldine - Hélène
Nous sommes déjà plusieurs à avoir dit OUI à Ninon : Lily Antigone Clarabel
Maud raconte dans un blog, un peu de sa vie et l’aventure de ce premier roman.