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Ecoutons un livre

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Tous les 28 du mois, je publie un billet récapitulatif des lectures audio des participants. Il n'est pas nécessaire de participer à chaque fois.

 

 

 

10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 09:37
Dans le cadre du Prix Inter-Ce 2007, j'ai eu la chance de rencontrer, pour la présentation de son livre Bleu Blanc Vert publié aux Editions de l'Aube, Maïssa Bey, née en 1950 près d'Alger.
Elle est l'auteur plusieurs romans publiés en France aux éditions de l'Aube, notamment : Cette fille là (2001), Entendez-vous dans les montagnes (2002), Au commencement était la mer (2003). Sous Le jasmin la nuit (2004) et Surtout ne te retourne pas (2005).
 
La rencontre se déroulait dans la bibliothèque de ma petite ville. Le crachin breton contrastait quelque peu avec la mine rayonnante de l'Algérienne, élégamment vêtue de gris perle et de noir, mais bien vite nous avons oublié la météo pour nous plonger dans l'Algérie de Maïssa Bey.
 
La romancière a vécu la décolonisation de façon particulièrement dramatique puisque son père instituteur est mort après avoir été torturé par des militaires français. Elle avait alors 6 ans. Son père avait tout juste eu le temps de lui apprendre à lire et à éveiller en elle une grande passion pour la lecture. J'avais connaissance de cet épisode de sa vie avant la rencontre, mais j'ai ressenti beaucoup d'émotion quand elle a évoqué devant nous ce drame qui la hante encore.
 
Le livre recouvre la période qui commence en 1962, année de l'indépendance de l'Algérie jusqu'en 1992, année ou le FIS gagne les élections et plonge le pays dans la peur et la haine. Entre les deux périodes, beaucoup d'espoir puis une désillusion progressive.
 
Il s'agit d'un roman, bien que l'histoire soit en grande partie autobiographique. Deux personnages, l'un féminin, l'autre masculin prennent tour à tour la parole. La petite fille du roman, Lilas, a beaucoup de points communs avec Maïssa enfant. En revanche, le personnage masculin, Ali, est totalement fictif. Le « troisième personnage » est l'immeuble d'Alger dans lequel a vécu Maïssa pendant de nombreuses années. Tout comme la petite Lilas, Maïssa a passé l'été 1962 à parcourir les appartements vides des européens qui avaient fuit Alger. Elle s'asseyait dans les fauteuils et lisait les livres et revues qu'elle y trouvait, dévorant avec le même appétit les auteurs français et des revues comme « Nous deux » ou « Cinémonde ». Elle a découvert, cet été là, un univers qui lui était jusque là totalement étranger.
 
Quelque temps après le départ des européens, des familles algériennes se sont installées dans l'immeuble. La mère de la petite fille (comme celle de Maïssa) était une des rares femmes à savoir lire et écrire et beaucoup de femmes venaient dans l'appartement pour se faire aider dans la rédaction de papiers administratifs. Elles en profitaient pour confier leurs problèmes et livrer leurs états d'âme. La petite fille se mettait dans un coin et écoutait. Ces conversations ont probablement donné à la romancière sa détermination actuelle pour défendre les droits de la femme algérienne, qu'elle craint de voir régresser avec la montée en puissance de l'islamisme de ces dernières années.
Bleu blanc vert est l'histoire tourmentée d'un pays, mais aussi celle deux enfants d'un même immeuble qui tombent amoureux, se marient et se trouvent confrontés aux problèmes d'une société en perpétuel confit entre tradition et modernité.
 
Nous avons demandé à Maïssa Bey si elle écrivait de façon spontanée. Elle nous répondu que non, que c'était très difficile, qu'elle travaillait énormément, la nuit où la concentration est la plus forte. Elle nous a fait sourire en nous disant que, contrairement aux hommes écrivains, elle disposait de peu de temps pour elle. En plus de son travail de conseillère pédagogique dans sa ville de Sidi Bel-Abbès (photo ci-contre), elle doit accomplir les tâches ménagères, courses, repas... et le temps dont elle dispose est celui qui lui reste quand tout cela est fini (comme beaucoup d'entre nous probablement !).
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Elle s'est mise tard à l'écriture, il y a une dizaine d'années seulement et sous un pseudonyme car à cette époque, il était impossible de s'exprimer sans prendre de très grands risques. Son vrai nom est Samia Benameur et le passage de l'un à l'autre des deux noms ne lui pose aucun problème, bien au contraire.
A la question : « Pourquoi écrivez-vous en français plutôt qu'en arabe » elle nous a répondu avec humour « Mais parce que j'ai été colonisée ! » Elle parle l'arabe courant mais ne se sent pas suffisamment à l'aise pour écrire dans cette langue.
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Elle nous a parlé d'une oeuvre à laquelle elle participe activement en tant que présidente d' une association de femme : la création d'une bibliothèque dans sa ville de Sidi Bel-Abbès (photo ci-contre). Il faut savoir que les livres sont à un prix inaccessible en Algérie, d'où l'importance de ce type de projets. Elle s'occupe également, dans le cadre de son association «Paroles et Ecriture » d'animer des ateliers d'écriture pour les femmes. Son engagement dans la reconstruction de son pays est tout à fait admirable.
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Je ne peux pas bien entendu restituer l'intégralité de la rencontre mais j'espère vous en avoir donné l'esprit. On ne peut que souhaiter à l'Algérie des jours meilleurs et à Maïssa Bey de continuer à écrire, pour nous Français comme pour les Algériens. Ses livres sortent également là-bas aux Editions Barzakh.
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La soirée s'est terminée de façon conviviale à déguster des loukoums et autres pâtisseries en buvant du thé à la menthe, tout en échangeant nos impressions sur la soirée. Pendant ce temps, Maïssa dédicaçait les livres et parlait individuellement avec les uns et les autres.
 
 
Une rencontre très marquante et enrichissante...
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Malice a beaucoup aimé ce livre également
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commentaires

B
<br /> <br /> saha aidek mme maissa bey , c'est un avec un grand respect que je m'adresse à vous .vraiment je suis emerveillé de votre  travail et courage et je vous souhaite beaucoups de bonheurs et de<br /> prosperités N.B j'aimerai bien visiter votre biliothéque de Sidi-bélabesse . Mes remerciements anticipés . <br /> <br /> <br /> <br />
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G
ça donne envie de tout lire d'elle!!
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B
et bien voilà j'en ai enfin parlé!! que tu as eu de la chance de la rencontrer et que j'aime son écriture..bises Sylvie!
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S
@Béa : Oui, cette rencontre a été un grand moment pour moi Béa ! Je prendrai le temps de lire ton billet que j'ai lu en diagonale hier soir, faute de temps ! Bises.
A
Un petit signe de la main en passant.
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S
Merci de ta visite Angelica !
T
Bravo pour cet article qui rend très bien l'esprit de la soirée et les délices qui ont suivis ! J'admire cet femme de trouver le temps et la force d'écrire après toutes ses tâches professionnelles et ménagères.
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S
Moi aussi Tamara  je l'admire ! La passion pour ce qu'elle fait lui donne des ailes, je pense !