Rouergue 2009 (La Brune) -219 pages
Il s’appelle Pierre. On le découvre à la campagne, dans une maison qu’il a achetée une bouchée de pain car personne n’en voulait : le long d’une route, entre la Flèche et le Mans. Dès les premières pages, le lecteur se glisse dans les bottes de Pierre et s’y sent bien. Dans la maison, règne un bric-à-brac chaleureux. Pierre est brocanteur et fait quelques extras, dans une crêperie. Pour meubler sa vie, il recueille des animaux, rend visite à sa voisine Paulette et entreprend une biographie de Rosa Bonheur, une femme peintre du 19ème, qu’il admire pour ses choix de vie, très libres pour l’époque. De temps en temps, il reçoit les visites d’un homme qui fait battre son coeur, un certain R. Peu à peu, Pierre nous dévoile sa vie d’avant, quand il était mannequin pour gagner sa vie, et étudiant pour s’occuper l’esprit. Un jour, il a tout plaqué.
Ce livre m’a totalement séduite. Je m’y suis sentie merveilleusement bien. Et quelle plume… Chaque phrase est un délice. Je ne me lasse pas d’en relire des passages. Pierre est un être attachant. Comme chacun d’entre-nous, il a des faiblesses, qu’il livre avec sincérité et une pointe d’ironie, tournée vers lui-même. Il évoque aussi les blessures qui sont à l’origine de son mal-être. Ce livre est l’histoire de de son cheminement vers la sérénité. Je peux vous dire, sans trop dévoiler l’histoire, qu'on y trouve une belle histoire d’amour entre deux hommes. Cette histoire est abordée avec pudeur et sensualité, prouvant que les deux ne sont pas incompatibles (j’ai lu tout de suite après « Apocalypse bébé » de Virginie Despentes, quel contraste !). Je pourrais aussi vous parler des nombreuses références musicales ou culturelles du roman mais je ne veux pas trop en dire...
Lisez « Bonheur fantôme », c’est un petit bijou d’intelligence et de délicatesse.
Juste quelques phrases :
"Je vis en bordure du néant, en rat des champs. Comme dit ma mère, « marginal, mais pas méchant" .
« Je voudrais bien, comme Paulette, me caler sur mon siège et attendre le grand déraillement final. Mais par les vitres de mon train, on aperçoit toujours la gare de départ. Je ne suis pas encore assez loin ».
« On ne me saoule jamais, même pas d’histoires. Je tiens l’ennui comme d’autres tiennent l’alcool. Je ne contredis pas, je ne polémique pas, j’écoute ».
Ils sont également très enthousiastes : Papillon ; Anne ; Incoldblog (avec en prime des questions posées à l'auteur); Aifelle ; Cathulu et sans doutes d'autres...