Phébus 2012 - 152 pages
Ils sont trois à habiter la maison. Elle, et eux. A l’étage le garçon et la fille occupent les chambres les plus agréables, la femme doit se contenter de la cuisine et du cagibi, où elle dort sur un matelas à même le sol. Elle s’y sentirait presque bien, dans ce cagibi, si son matelas n’était pas constamment humide… Elle leur sert de bonne, lave le linge, fait les courses, prépare les repas. Malentendante, elle vit dans son monde intérieur, d’une richesse et d’une poésie que nul ne peut percevoir, surtout pas eux, qui la considèrent comme une idiote.
Qui sont-ils par rapport à elle, quelle est l’histoire de ces lieux ? C’est ce que nous découvrons peu à peu, devinant les liens et reconstituant le puzzle de cette famille décomposée. Au fil des pages, on sent une évolution dans le comportement de la femme malentendante. Loin de se laisser abattre par les difficultés de son quotidien, elle tente de s’échapper par le rêve et la créativité. Tout en se remémorant son passé et elle prend son destin en main, laissant espérer une issue heureuse à cette histoire.
Angélique Villeneuve nous offre un texte riche et subtil, laissant une grande place à la suggestion. Le lecteur s’approprie l’atmosphère des lieux par les odeurs, le toucher, les non-dits, les images. Nous sommes presque dans l’univers du conte. Ce livre m’a fait penser aux « demeurées » de Jeanne Benameur tant au niveau du thème que de l’écriture. Je l'ai dégusté lentement, prenant le temps de savourer la richesse de la langue.
Beaucoup d’humanité dans ce roman fort bien écrit…
L'avis d'Antigone - Cathulu- et Gwenaelle (que je remercie pour le prêt !)