Quai Voltaire - 2012 - 260 pages
Au début du livre, Charlotte se trouve dans la chambre de son père aveugle, dont elle s’occupe du mieux qu’elle peut. Une plume à la main, du papier devant elle, elle écrit avec passion « Jane Eyre »...
Dans ce roman que l’on peut qualifier de biographie romancée, l’auteure nous entraine dans l’univers des sœurs Brönte et principalement dans celui de Charlotte, l’auteure du célèbre « Jane Eyre ». Le livre est composé de trois parties qui correspondent à des lieux de vie successifs de Charlotte mais le récit n’est pas pour autant chronologique. Pour cette raison, il est assez difficile à résumer. Il est parfois question de Charlotte, parfois de ses sœurs mais aussi de « Jane Eyre ». La vie de l’héroïne et celle de sa créatrice se mêlent et s’entrecoupent car Jane, c’est un peu Charlotte... Toutes deux ont vécu le pensionnat, ont été amoureuses d’un homme marié… Mais on ne s’y perd jamais, le roman est parfaitement cohérent dans sa narration.
J’ai trouvé passionnant de découvrir ainsi la famille Brontë, dont la vie est loin d’être un long fleuve tranquille. Après avoir perdu leur mère puis leurs deux sœurs ainées, les quatre plus jeunes se soudent et partagent leurs jeux. La graine d’écrivain commence à germer chez les trois filles. Le garçon, moins équilibré que ses sœurs, et qui leur donnera bien du souci, sombre dans l’alcool et la drogue. La dernière partie du roman est consacrée à la publication des œuvres, période à la fois exaltante et éprouvante pour les trois sœurs. L’émulation qui a favorisé la création devient source de tensions quand Emily et Anne sont publiées alors que le manuscrit de Charlotte est refusé. Quand le succès arrive enfin pour Charlotte, après de nombreuses péripéties mais de façon fulgurante, il remplit les sœurs de joie mais la famille est de nouveau touchée par le malheur…
Ma lecture des sœurs Brontë datant de fort longtemps, j’ai eu envie de me replonger dans « Jane Eyre ». J’ai entrepris cette lecture parallèlement à « Quand j’étais Jane Eyre », mais en lecture audio. C’est un des points forts du roman de Sheila Kohler que de donner envie de relire les œuvres qu’il évoque. Ce n’est pas sa seule qualité. L’ouvrage nous plonge dans le contexte sociologique et religieux des milieux bourgeois du 19ème siècle en Angleterre. A aucun moment je me suis demandé quelle était la part du réel et celle de la fiction, les deux se mêlant avec bonheur.
Une lecture passionnante !