Audiolib 2013 (paru aux éditions de minuit en 2012) - 2 h 30 d'écoute
"Anthime est passé ranger son vélo chez lui avant de rallier le mouvement général confluant à présent de toutes les artères vers la place où s’agitait une foule souriante, brandissant drapeaux et bouteilles, gesticulant et se pressant, laissant à peine d’espace aux voitures à chevaux qui déjà transportaient des groupes. Tout le monde avait l’air très content de la mobilisation : débats fiévreux, rires sans mesure, hymnes et fanfares, exclamations patriotiques striées de hennissements".
"Posté non loin de celui-ci, Anthime a pu distinguer un instant, de la cervelle au bassin, tous les organes du chasseur-éclaireur coupé en deux comme sur une planche anatomique, avant de s'accroupir spontanément en perte d'équilibre pour essayer de se protéger, assourdi par l'énorme fracas, aveuglé par les torrents de pierres, de terre, les nuées de poussière et de fumée, tout en vomissant de peur et de répulsion sur ses mollets et autour d'eux, ses chaussures enfoncées jusqu'aux chevilles dans la boue".
Dans un style concis et percutant, Jean Echenoz nous propose un texte très fort sur l'horreur de la guerre 14-18. Au début du roman, nous assistons au départ sur le front de cinq jeunes gens qui se connaissent. Le départ est presque joyeux, personne ne croit que cette guerre va durer. Le voyage ressemble à un départ en colonie de vacances. Le choc de la réalité de la guerre n'en sera que plus violent.
Jean Echenoz décrit l'horreur de cette guerre par une économie de mots, allant droit au but. C'est efficace. Très efficace. La guerre est fort justement décrite, tout comme le décalage entre ce que vivent les soldats et le ressenti des familles. Comment pourraient-elles comprendre ce que vivent ces jeunes gens alors que la guerre industrielle n'en est qu'à ses débuts ? Le retour des estropiés, en pleine guerre est également un moment fort.
Malheureusement, si je suis très enthousiaste sur le texte lui même, je ne le suis pas sur la lecture elle-même. Le choix de Jean Echenoz pour lire son texte ne m'a pas convaincue. J'ai eu l'impression qu'il le récitait. Quel dommage ! J'ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur la première partie du livre, contrainte de revenir en arrière car je décrochais, ce qui m'arrive rarement. Je relirai certainement 14 en version papier pour mieux appréhender le texte.
Un très bon roman mais une lecture audio en demi-teinte
L'avis d'Emma (en phase avec le mien)
En revanche Stephie a beaucoup aimé la lecture par l'auteur lui-même.
6ème lecture / 10