Buchet Chastel 2012 - 208 pages
"À la porte de Gentilly, en venant de la gare, on n’avait pas vu de porte du tout, rien de rien, pas la moindre casemate, quelque chose, une sorte de monument au moins, une borne qui aurait marqué la limite, un peu comme une clôture de piquets et de barbelés entre des prés".
Claire, jeune fille brillante, quitte son Auvergne natale pour suivre des études de Lettres à la Sorbonne. Après l'obtention de son diplôme, elle décide de rester à Paris, tournant le dos, sans l'oublier, à sa campagne auvergnate. Le roman raconte dans une première partie la rencontre avec la grande ville, alors que Claire était enfant. La seconde partie est consacrée à la période des études, période initiatique où il a fallu apprendre de nouveaux codes et s'approprier une autre culture. Dans la dernière partie, il est question de "l'après-étude", du décalage culturel avec le père resté là-bas, de l'attachement aux racines.
J'ai pris beaucoup de plaisir à parcourir les pages de ce roman. J'ai trouvé des points communs avec la démarche d'Annie Ernaux, quand elle se penche sur ses origines modestes, mais le style des deux femmes est très différent. Marie-Hélène Lafon s'attache beaucoup au style, très travaillé (peut-être un peu de trop, ce sera mon bémol) alors qu'Annie Ernaux se situe plus dans l'analyse, avec une écriture épurée.
Un beau roman et une plume que je retrouve toujours avec grand plaisir.