Il est difficile de résumer La vie de Simone Veil en quelques lignes. Je rappellerai simplement qu'elle a vécu l'horreur des camps de concentration alors qu'elle était adolescente. Après sa libération, elle a repris ses études, s'est mariée, a fait des enfants (tout cela plus ou moins en même temps). A vingt-sept ans elle s'est lancée dans la vie active occupant successivement les fonctions de magistrat, ministre (loi sur l'IVG) député européen, présidente du parlement européen, Présidente de la fondation pour la mémoire de la Shoah…
Ce livre n'est pas une œuvre "littéraire" comme peuvent l'être les romans autobiographiques d'Apelfeld ou d'Amos Oz, dont j'ai parlé récemment. L'écriture est simple mais les propos sont sincères et émouvants. Le récit, raconté par Simone Veil de façon chronologique, est accompagné de photos de sa vie privée et politique. Vous pouvez voir ces photos sur un diaporama proposé par l'Express. (ici). Les chapitres consacrés à sa vie sont poignants et d'une grande dignité. La vie ne l'a pas épargnée, de nombreux drames personnels l'ont marquée, mais à aucun moment elle n'a baissé les bras.
Je dois avouer que peu de personnalités du monde politique trouvent grâce à mes yeux. Elle font bien souvent passer leur carrière avant leurs idées, ce qui me rend extrêmement méfiante à leur égard. On ne sait jamais quel est le degré de sincérité de leurs propos ! C'est la raison pour laquelle Simone Veil force mon admiration. Par sa droiture et son combat pour ses idées, elle se démarque du reste de la classe politique. Je sors de ma lecture, émue et plus que jamais respectueuse de son parcours. Son regard sur la classe politique est assez sévère, voilà qui ne m'a pas réconciliée avec celle-ci !
Un témoignage important, qui aurait peut-être mérité plusieurs tomes. (mais aurait-il été autant lu ?)
L'avis de Lucy
Quelques extraits :
Enfance :
"Lorsque je repense à ces années heureuses de l'avant-guerre, j'éprouve une profonde nostalgie. Ce bonheur est difficile à restituer en mots, parce qu'il était fait d'ambiances calmes, de petits riens, de confidences entre nous, d'éclats de rire partagés, de moments à tout jamais perdus. C'est le parfum envolé de l'enfance, d'autant plus douloureux à évoquer que la suite fut terrible. "
"Pour nous, les filles de Birkenau, ce fut peut-être l'arrivée des Hongrois qui donna la véritable mesure du cauchemar dans lequel nous étions plongées. L'industrie du massacre atteignit alors des sommets: plus de quatre cent mille personnes furent exterminées en moins de trois mois. (...) Je voyais ces centaines de malheureux descendre du train, aussi démunis et hagards que nous, quelques semaines plus tôt. La plupart étaient directement envoyés à la chambre à gaz."
"Loi sur l'IVG :
"Plus nous nous rapprochions de l'échéance du débat, et plus les attaques se faisaient virulentes. Plusieurs fois, en sortant de chez moi, j'ai vu des croix gammées sur les murs de l'immeuble. A quelques reprises, des personnes m'ont injuriée en pleine rue. (...) Je n'avais pas d'états d'âme. Je savais où j'allais. Le fait de ne pas moi-même être croyante m'a-t-il aidée? Je n'en suis pas convaincue. Giscard était de culture et de pratique catholiques, et cela ne l'a pas empêché de vouloir cette réforme, de toutes ses forces. "
Réflexion sur les partis politiques :
J'ai ainsi quitté l'UDF sans regrets. Je devrais plutôt savoir gré à François Bayrou de m'avoir pratiquement mise à la porte. Tout bien pesé, je n'étais pas faite pour de telles pratiques. Je manque de la souplesse nécessaire et, de surcroît, je suis incapable de travestir mes convictions. A partir de ce moment, je n'ai plus fréquenté aucune formation politique, UDF ou autre, et je ne m'en suis pas plus mal portée.