Editions Arléa 2009 - 201 pages
Ceux qui fréquentent mon blog régulièrement savent que Marie Sizun est une romancière pour laquelle j’ai un attachement particulier, en tant qu’écrivain mais également en temps que personne. Je l’ai rencontrée trois fois avec le même bonheur. J’ai lu les quatre livres qu’elle a publiés et je lirai certainement les suivants.
Lors de notre dernière rencontre, Marie avait commencé l’écriture d’Eclats d’enfance, elle en avait brièvement parlé. Je savais en commençant ma lecture, que j’allais y trouver des souvenirs d’enfance déjà évoqués partiellement dans ses deux premiers romans, notamment dans « Le père de la petite », la petite, c’était un peu elle. Dans Eclats d’enfance, nous retrouvons l’enfant que fut Marie Sizun, mais cette fois dans un récit. La romancière nous propose une promenade dans son quartier d’autrefois situé dans le 20ème arrondissement de Paris. Elle évoque, au fil des lieux visitées, des « éclats d’enfance » . Nous comprenons que sa jeunesse a été douloureuse, suite à la séparation de ses parents, peu de temps après le retour de captivité de son papa, prisonnier en Allemagne pendant la guerre. Elle s’est construite malgré tout, aidée par ce qu’elle puisait à l’extérieur de l’appartement familial. De ce qui se passait à l’intérieur, elle fait le choix de ne pas en parler.
« Qu'est ce qu'une enfance ? Ce temps étrange, marginal, secret, infiniment personnel, inconnu des parents, ce temps où l'on devient soi, où l'on se met à voir, à entendre, à penser. Envie de raconter cela. De retrouver cela.
C'était le tracé des rues qui me la racontait, cette histoire. Qui m'aidait à me la raconter, qui en était le support. Le fil d'Ariane »
« Alors, les tendres et cruels fantômes de l'immeuble de briques rouges, j'ai simplement eu envie de les prendre dans mes bras, de les rassurer, de les réchauffer, de leur redonner vie. Une autre vie.
Leurs secrets, leurs mystères, ils les garderaient, je les respecterais. Mais j'écrirais leur histoire, une histoire plus vraie que la vraie vie, que leur vraie vie, que la mienne. Une histoire qui dirait ce que nous n'avions pas su dire ».
Marie raconte avec amour le quartier populaire dans lequel elle aimait déambuler. Les souvenirs qui remontent à la surface sont parfois anodins, pas toujours. La vie n’était pas simple pour cette petite fille dont la maman n’était pas comme celle des autres. Elle évoque aussi un petit frère un peu fragile. Je ne connais pas les lieux qu’elle décrit mais j’ai beaucoup aimé les imaginer, tout comme l’ambiance si particulière des années d’après-guerre. C’est une promenade pleine d’émotions, mais apaisée toutefois.
Bravo Marie, cette fois encore vous nous offrez un beau livre…
Le billet de Cathe
Mes rencontres avec Marie Sizun : Ici et là
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