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« Alors, pour la première fois, nous nous apercevons que notre langue manque de mots pour exprimer cette insulte : la démolition d'un homme. En un instant, dans une intuition quasi prophétique, la réalité nous apparaît : nous avons touché le fond. Il est impossible d'aller plus bas : il n'existe pas, il n'est pas possible de concevoir condition humaine plus misérable que la notre. Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtement, nos chaussures, et même nos cheveux ; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s'ils nous écoutaient, ils ne nous comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste ».
Primo Levi est né en 1919 en Italie, dans une famille bourgeoise d’origine juive. En 1943, il vient tout juste d’adhérer à un mouvement de résistance, quand il est arrêté et déporté à Auschwitz. Il en ressortira miraculeusement en janvier 1945 après avoir connu l’enfer, qu’il raconte et analyse dans « si c’était un homme ».
Primo Levi nous explique comment, conçu pour broyer l’individu, le camp de concentration fabrique des sous-hommes dont la seule préoccupation est de tenter de survivre. Devenu esclave, affamé et luttant contre les maladies, le détenu doit faire face à une organisation complexe qu’il doit intégrer au plus vite pour avoir une petite chance de rester vivant. S’ajoute à cela une lutte perpétuelle entre les détenus eux-mêmes. Chacun doit faire preuve de ruse pour ne pas mourir de froid ou d’épuisement, quitte à pénaliser les autres. Ce qui impressionne, dans l’expérience personnelle de Primo Levi c’est sa lucidité de tous les instants face à ce qu’il vit, et sa capacité à rester un homme quoi qu’il arrive, réussissant même à nouer des relations d’amitié. De constitution plutôt faible, c’est son mental qui l’a sauvé (et la chance, bien-entendu).
Voilà un livre qui me faisait peur et dont je remettais toujours la lecture à plus tard. Le choix du blogoclub m’a forcé la main, c'est une bonne chose. Je voudrais encourager ceux qui, comme moi, hésitent à se lancer. Le sujet est difficile, il faut prendre sur soi, mais j'ai trouvé la lecture moins insoutenable que je l'imaginais. Sans doute parce que Primo Levi s’exprime calmement, sans haine ni passion, avec une grande humanité. Grâce à la réflexion philosophique qu'il retire de sa terrible expérience, il nous apporte des clés pour une meilleure compréhension de l'être humain.
Un témoignage impressionnant à côté duquel il ne faut pas passer.
Les avis de
Thais - Mango - Lisa - Cathe - Papillon - Soie - katell - Manu - Cagire - Martine - Marie - Karine - Ori - Denis - Jumy - Arlette - Del - Loumina - Diddy - Midola - Nina - Nol - Taylor Thalia - Bookline - Grominou - Mirontaine - Cocolas - Amy - Catherine - Karine -
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Prochaine lecture : le 1er mars. Au choix : Maudit Karma de David Safier et Saga de Tonino Benacquista
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